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DEUXIEME
OPUSCULE :
CONTES &
HISTOIRES FOLKLORIQUES D’EGYPTE
ET DU MOYEN ORIENT
A notre époque
où les enfants manipulent des jeux électroniques
compliqués et où la télé a enlevé son charme
au cirque par la projection répétée de numéros de
plus en plus sensationnels, il semblerait que ces contes ,
ces histoires soient simplistes. Mais, au temps de notre enfance où la
télé n’existait pas, ils nous enchantaient comme les
histoires et contes de fées
que l’on racontait aux enfants, ici en France, pendant les
veillées autour de
Septembre
2014 LES TROIS DEVINS
Mai 2014 HISTOIRE VRAIE - Solange et Marcello
VAÏS :
Mai 2012 FENÊTRES
OUVERTES SUR LE BOSPHORE
- Mimi de CASTRO
Janvier 2012 LES AMANTS DU BOSPHORE – Mimi Castro
Octobre 2011 CHEZ LA MARCHANDE DE REVES – Albert PARDO
Juin 2011 LE RATE – Esther BENGHIAT
Janvier 2011 L’ANE AU FOND DU PUIT - Léon et Ety GABRIEL
Aout 2010 LE CHOIX DU PRINCE SHARIF – Mimi Castro
15 Avril 2010 L’ORIGINE DE LA FEMME - Lily KHODARA
Décembre 2009 SEIF EL DINE ET AMAR
EL A’LAM – Mimi Castro
Octobre 2009 LE JUGEMENT DU ROI HAROUN – Mimi Castro
Avril 2009 HUIT
MINUTES…… - Clément DASSA :
LE
28/02/2009 POUR QUE LE BONHEUR EXISTE - NELL LEV :
LE
30/06/2008 JE N’OUBLIE RIEN
– Mimi Castro
LE
30/04/2008 ENTRE CIEL ET TERRE - Mimi Castro
LE
31/12/2007 NOTRE RUE – Mimi Castro
LE
31/10/2007 LE ROSSIGNOL ET LA PRINCESSE –
Mimi Castro
LE
31/08/2007 LE vœu UNIQUE
Le 30/06/2007 UN JOUR MON PRINCE VIENDRA (suite et fin) – Mimi Castro
Le
30/04/2007 UN JOUR MON PRINCE VIENDRA
– Mimi Castro
Le
31/03/2007 LA VOIX DU SPHINX
– Mimi Castro
Le
28/02/2007 CONTE HINDOU :
LA CREATION DE LA FEMME
Le
31/01/2007 CE QUE LE PERE GOHA A FAIT
Le 31/12/2006 le café du coin
Le
25/11/2006 LA MAISON ROUGE
Le
28/10/2006 LA DOUBLE VIE DU SULTAN MAHMOUD
Le
28/09/2006 LES DEUX MARCHANDS DE SOIE
Le
25/08/2006 un saint homme
LE 30/06/2006 LA
CHEMISE ET LE BONHEUR
LE
25/05/2006 L’ENVIEUX
Le 26/04/2006 LE PERROQUET CHAUVE
Le 25/03/2006 MEDECIN ET DEVIN
Le 28/02/2006 GOHA ET ABOUL NAOUASS
Le 21/01/2006 LE BROYEUR D’EPICES ET LE VOLEUR
Le 23/12/2005 LE BOUCHER ET
LE SAVETIER
Le 26/11/2005 LES CHEIKHS AVEUGLES
Le 14/10/2005 LES
TROIS DEVINS
Le 22/09/2005 LE TESTAMENT
Le 19/08/2005 L’HOMME DE CŒUR ET L’HOMME D’HONNEUR
Le 12/07/2005 LE DOUAR DU
SINGE
Septembre 2014
L E S T R O I S D E V I N S
(Talatt Ménaguémine)
En souvenir de mon très cher et
regretté ami Mansour COHEN qui
a toujours incarné, ainsi que sa Famille ,la Bonté, la Générosité
et la Joie de Vivre
Dans le folklore
égyptien, plusieurs histoires humoristiques ont pour personnages un
musulman, un chrétien et un juif, sans aucune intention de racisme ou de
méchanceté. A tel point, qu’un film comique
célèbre a été tourné en leur honneur dont le
titre est « HASSAN, MORCOS & COHEN ». Dans ces
histoires, le beau rôle est habituellement attribué à celui
des protagonistes qui a la même religion que le conteur.
====================================
Du temps du
Calife Haroun Al-Rachid, vivaient ensemble à Bagdad trois amis
célibataires : un musulman, un chrétien et un juif. Ils
mettaient leurs gains en commun et
vivaient heureux.
Par suite d’une crise
économique, il advint qu’ils perdirent leur emploi l’un après
l’autre et se trouvèrent bientôt sans le sou. Alors, ils
tinrent conseil pour débattre de leur avenir et convinrent de se faire
« devins »,
métier ne nécessitant ni capital ni boutique. Ils devaient aller
par les rues, chacun à son tour, pour prédire l’avenir. Les
charlatans pullulaient à cette époque et par suite des nombreuses
plaintes des habitants bernés, le Calife décida d’y mettre
bon ordre. Il ordonna qu’on lui présente tout prétendu
devin et celui qui ne l’était pas réellement recevrait la
bastonnade.
Les
gardes arrêtèrent le chrétien que le sort avait
désigné à commencer le premier, ce jour-là, et le
traînèrent devant Haroun Al-Rachid. Celui-ci lui désigna
une table sur laquelle il y avait trois assiettes recouvertes d’une
serviette et il lui dit :
- Si tu ne devines pas ce que contiennent ces
assiettes, tu recevras la bastonnade !
Il
ne put évidemment pas deviner leur contenu et fut roué de coups.
Il regagna péniblement ses pénates, se jeta sur son lit sans
souffler mot de son aventure et s’endormit en gémissant de
douleurs. Le lendemain, ce fut le tour du musulman. Même scénario.
Le surlendemain, le tour du juif arriva. Il fut aussitôt
arrêté par les gardes et présenté au Calife.
Excédé, celui-ci lui dit :
- Maintenant, ce ne sera plus
Par
un heureux hasard (ou peut-être pour la bonne continuation de
l’histoire) c’était exactement ce que contenaient les
assiettes. Le Sultan applaudit et ordonna qu’on remette dix pièces
d’or à cet honnête devin.
Le
juif remercia le Calife et, en descendant les marches du palais, il y vit un
troupeau de dindons superbes ; il ne put s’empêcher de
s’exclamer à mi-voix : Ah ! si
le Calife me faisait cadeau de l’un de ces volatiles !
L’entendant
marmonner, le Calife crut qu’il rouspétait pour la modestie de son
cadeau et il le rappela :
- Viens ici, que dis-tu ?
- Oh ! rien votre Majesté, rien
du tout !
- Tu vas me répéter tout de
suite ce que tu as marmonné ou je vais finir par me fâcher !
Le
pauvre diable répéta ce qu’il avait souhaité et le
Calife, riant aux éclats, ordonna qu’on lui remette le plus gros
dindon.
Tout
joyeux, il courut à la maison raconter son aventure à ses deux
amis. Il partageât équitablement l’or avec ses
associés mais prétendit garder le dindon pour lui tout seul car,
d’après lui, il s’agissait non pas d’un gain mais
d’un cadeau personnel.
Une
dispute éclata entre eux ; les voisins s’en
mêlèrent et les gardes emmenèrent les trois hommes
auprès du Calife pour qu’il rende la justice dans cette affaire,
comme c’était
- Ecoutez-moi bien ! Vous allez laisser
ici le dindon qui sera apprêté par mon cuisinier. Vous reviendrez
ce soir coucher au Palais et, au matin, chacun racontera ses rêves de
Vers
minuit, le juif se leva sans faire de bruit, s’attabla et,
débouchant le flacon de vin, il vint à bout du dindon et de la
bouteille ; après quoi, il plaça celle-ci, vide, dans le
plat avec les os, recouvrit le tout avec la serviette et se rendormit.
Le
Calife arriva de bon matin, curieux de les entendre et les trouva prêts.
Le chrétien s’avança le premier et dit :
- Commandeur des
Croyants, voici mon rêve : j’étais profondément
endormi quand notre Seigneur Jésus-Christ se révéla
à moi. Il me prit par la main et m’entraîna vers les Hautes
Sphères. J’ai vu le Paradis, les Anges sur les nuages. J’ai
entendu les musiques célestes et, d’un Ciel à
l’Autre, il me conduisit jusqu’au Septième Ciel,
après quoi je me
réveillais.
-
Par ma foi, dit le Calife, voilà un bien beau rêve ! A toi,
dit-il, s’adressant au musulman.
- Moi, c’est le Prophète Mahomet
qui se présenta à moi. Il me prit par la main et
m’entraîna dans les profondeurs de
- Voilà encore un bien beau
rêve, dit le Sultan ; mais nous allons entendre celui du juif. A
toi !
- Hélas, Sire, dit ce dernier, vous
allez être bien déçu ! Je dormais profondément
lorsque Ezraïn, l’Ange de la Mort, me tira par les pieds et, me tendant un
flacon de vin, il me dit : Mange le dindon et bois le contenu de cette
bouteille ou, sinon, je prendrais ton âme et la mettrais en Enfer !
Que devais-je faire, o ! Prince des Croyants ?
Le
Calife, riant aux éclats, répondit :
- Il fallait le manger !
- C’est ce que j’ai
fait, Sire !
Alors
ses compagnons se jetèrent sur lui et lui dirent :
- Tu ne pouvais pas nous appeler, maudit,
pour partager ton festin ?
- Comment aurais-je pu le faire,
répondit-il, toi, tu étais au Septième Ciel et toi,
à
Le
Calife n’en pouvait plus de rire de la malice du juif et il garda tout le
monde à déjeuner avec lui.
Mai 2014
Reçu
le 26 Janvier 2014 de Solange et Marcello VAÏS :
Quelques années avant ma naissance, mon père connut un
étranger récemment arrivé dans notre village. Depuis le
début, mon père fut subjugué par ce personnage, si bien
que nous en arrivâmes à l'inviter à demeurer chez nous.
L'étranger accepta et depuis lors il fit partie de
Il fit
même assister ma famille à une partie de football pour la
première fois. Il me faisait rire et il me faisait pleurer.
L'étranger n'arrêtait jamais de parler, ça ne
dérangeait pas ma Maman. Parfois elle se levait, sans prévenir,
pendant que nous continuions à boire ses paroles, je pense qu'en
réalité, elle était partie à la cuisine pour avoir
un peu de tranquillité. (Maintenant je me demande si elle
n'espérait pas avec impatience qu'il s'en aille.)
Mon
père avait ses convictions morales, mais l'étranger ne semblait
pas en être concerné. Les
blasphèmes, les mauvaises paroles, par exemple, personne chez nous,
ni voisins, ni amis, s'y seraient permis. Ce
n'était pas le cas de l'étranger qui se permettait tout,
offusquant mon père et faisant rougir ma maman. Mon père nous
avait totalement interdit l'alcool.Lui,
l'étranger il nous incitait à en boire souvent.Il
nous affirmait que les cigarettes étaient fraîches et
inoffensives, et que pipes et cigares faisaient distingué. Il parlait
librement (peut-être trop) du sexe.Ses
commentaires étaient évidents, suggestifs, et souvent
dévergondés.
Maintenant je
sais que mes relations ont été grandement influencées par
cet étranger pendant mon adolescence. Nous le critiquions, il ne faisait
aucun cas de la valeur de mes parents, et malgré cela, il était
toujours là. Cinquante ans sont passés depuis notre départ
du foyer paternel. Et depuis lors beaucoup de choses ont
changé: nous n'avons plus cette fascination. Il n'empêche que, si
vous pouviez pénétrer chez mes parents, vous le retrouveriez
quand même dans un coin, attendant que quelqu'un vienne écouter
ses parlotes ou lui consacrer son temps libre....
Voulez-vous
connaître son nom?
Nous, nous l'appelons ........ Téléviseur !
Remarque:
Il faudrait
que cette belle histoire soit lue partout.
Attention:
maintenant il a une épouse qui s'appelle Ordinateur !
et un fils qui
s'appelle Portable !
et un
neveu pire que tous ! Lui c'est le SMART PHONE
Mai 2012
Reçu de Madame Mimi de CASTRO :
FENÊTRES OUVERTES
SUR LE BOSPHORE
C’est dans la
ville aux minarets, à Istanbul
Que j’ai
reconnu mon amour dans la foule.
Il errait seul
à la recherche d’une âme soeur
Et quand il
m’a vu, il m’a tendu une fleur!
Mon coeur chantait en le regardant devant moi.
Sans
connaître son nom et sans entendre sa voix
Je lui donnais ma
main qu’il prit tendrement.
Ses yeux dans les
miens il s’approcha lentement.
C’est dans
les rues de la ville d’Istanbul
Au beau milieu des
grands bazars et de la foule
Que j’ai
vécu dans la joie les mille et une nuits.
Les heures
légères comme un souffle se sont enfuies.
Je pensais que je
pourrai vivre pour toujours
Partageant ces
rares délices avec mon amour.
Je pensais que ce
grisant et suave parfum
N’avait pour
nous ni commencement ni fin.
C’est sur le
brillant Haliç un soir à Istanbul
Qu’autour de
nous se pressait une grande foule.
Soudain, sans
même un sourire, un regard ou un adieu
Mon
bien-aimé a disparu, il s’est effacé de ces lieux.
Je ne peux me
résigner à son départ
Et je le cherche
encore de toutes parts.
Je passe mon temps
dans les rues d‘Istanbul
En scrutant chaque
passant que je vois dans la foule.
Janvier 2012
MIMI DE
CASTRO
Dans le bateau qui nous emporte loin de tout,
Pour un moment tu m’as caché ton regard
fou.
Soudain, j‘ai vu tes yeux me parler
Exprimer ta grande tristesse et tes regrets.
J’ai deviné tous les mots que tu ne
pouvais dire
Et j’ai pu sur ton visage clairement lire:
Notre amour défendu, puissant, régnant
sur nous.
Dans tes yeux, en un instant a brillé
malgré tout
Cette flamme qui m’a longtemps fait rêver.
J’ai deviné ces promesses et ces
pensées
Que je voulais t’entendre me murmurer.
Dans tes yeux, lentement, je me suis sentie
Absorbée, invitée, ensorcelée, engloutie,
Noyée par ton désir et
l’intensité de ton émoi.
Dans mes yeux qui te cherchent, c’est à
toi
De lire maintenant, car si nos lèvres
Tremblantes ne peuvent exprimer cette fièvre,
Nos coeurs eux d’un
commun accord, ont déjà décidé:
L’eau du Bosphore couvrira notre impossible
félicité.
A l’aube, deux corps sont repêchés
des eaux froides et opaques du Bosphore...
Octobre 2011
Albert Pardo
Plongé
dans mes pensées du moment tout en déambulant par les rues, je
pris soudain conscience que je m’étais perdu dans ce quartier
où je venais pour la première fois. Je me trouvais dans une rue
étroite bordée, à droite et à gauche, de magasins
fermés. Je lisais les noms de leurs anciens propriétaires sur les
enseignes et l’objet de leur
commerce : Boulangerie, Charcuterie, Cordonnerie, Vins & Liqueurs, Droguerie,
Boucherie, etc. Toutes ces boutiques avaient leurs rideaux de fer tirés. Un air de
tristesse régnait dans cette rue et cela me prenait à la gorge.
Maintenant, rares étaient les rues qui ne ressemblaient pas à
celle-ci à cause de la
désertification des petits commerces de proximité. Je me
souviens que lorsque nous sommes arrivés à Marseille, un
demi-siècle plus tôt, tous ces magasins étaient
animés par la clientèle de passage ou des alentours, les rideaux
de fer relevés et faisant apercevoir l’intérieur des
boutiques et les devantures pleines de marchandises de toutes sortes, les
vitrines éclairées et
exposants à la vue des passants les denrées proposées, les
cris et les rires des enfants, les commères qui devisaient entre elles
à haute voix à la porte de ces mêmes magasins et se donnant
les nouvelles du moment. Il y avait de la joie, de la gaîté, de la
VIE, remplacées maintenant
par ce silence de mort qui provoquait en moi un sentiment de tristesse
indéfinissable. Hélas, les supermarchés et les grandes
surfaces ont tué ce genre de petit commerce pour toujours. A un certain
moment, perdu dans mes pensées, je relevais la tête et O !
miracle ! j’ai aperçu une toute petite boutique ouverte
portant sur son enseigne ces mots
‘’LA MARCHANDE DE REVES’’ et en dessous, en caractères plus petits, ‘’ Madame ESPERANZA
‘’. Tout heureux de voir un signe de vie dans cette rue
déserte, j’y suis entré sans réfléchir. Une
gentille personne d’un certain âge vint au
devant de moi et me dit avec un grand et doux sourire :
- Bonjour, monsieur, qu’y-a-t’il pour votre service ?
J’ai
hésité un moment et lui ai ensuite demandé :
- Ainsi, vous vendez des
rêves ?
- Oui, oui, me
répondit-elle, tous genres de rêves et de souhaits. En voulez-vous ?
J’ai
hésité encore un petit moment et puis je me suis jeté
à l’eau :
- Combien valent les rêves et
à quel prix sont les souhaits ?
- Oh ! il y en a à tous les
prix ! Combien voulez-vous mettre ?
- Je ne sais pas, moi, ….disons dix
euros !
- Dix euros ? Vous n’aurez pas grand chose avec dix euros !
- Vous ne pouvez pas me donner une
idée de ce que vous proposez et du prix de chaque rêve et de
chaque souhait ?
- Je n’impose pas les rêves,
c’est au client de dire ce qu’il aimerait rêver ou les souhaits qu’il
voudrait voir exaucés et moi je fixe les prix. Mais je vais vous
faciliter les choses : Voulez-vous rêver au passé ou à
l’avenir ? Par exemple : voulez-vous rêver de vos
amours anciennes ou futures ? de votre santé passée ou de
celle que vous aurez ? de votre beauté de jeunesse ou de celle
de l’âge mûr ? de votre situation financière
précédente ou celle à
venir ? D’autre part, souhaitez-vous la richesse, ou
préférez-vous la jeunesse, la santé, l’amour ?
Prenez votre temps, réfléchissez et faites-moi part de vos
désirs profonds. A propos, si vous désirez cumuler plusieurs
souhaits et plusieurs rêves en même temps et que leur prix total s’avérait important,
je vous signale que je fais des facilités de paiement qui peuvent
s’échelonner jusqu’à six mois. Elle
m’avança une chaise, près d’une petite table sur
laquelle se trouvaient un calepin et un stylo-bille et elle
s’éclipsa.
On
croit que c’est facile d’émettre des souhaits ou de
désirer avoir des rêves plus ou moins mirobolants mais j’ai
constaté rapidement que c’est beaucoup plus difficile que je ne le
pensais. Mais enfin ! que pouvais-je souhaiter ? La richesse ?
pourquoi faire ? Grâce au ciel, mes enfants et leurs familles sont à l’abri du besoin et
quant à mon épouse et à moi, nous nous suffisons avec ce
que nous avons. Après tout, à nos âges, nous ne mangeons
pas énormément, nous sortons moins souvent qu’auparavant,
nous limitons nos voyages à nos possibilités physiques et nos
garde-robes sont largement pourvues. A quoi servirait-il d’avoir encore
et encore des sous que nous ne pourrions pas utiliser et qui nous
causeraient des soucis pour les
placer judicieusement ? La Bourse ne dégringole-t-elle pas tous les
jours et depuis un certain temps déjà ? Non, non, il vaut mieux laisser ce
souhait-là à ceux qui
sont dépourvus d’argent, n’est-ce pas ?
Quant
à la santé, il faut être raisonnable ! Nous ne pouvons
pas nous en plaindre étant donné nos âges respectifs, mon
épouse et moi. Enfin, nous ne sommes pas de la première
jeunesse ! Nous ne pouvons donc pas demander l’impossible,
c’est à dire des années nombreuses et une santé de
fer ! Quelques petits ennuis mécaniques d’ici et de là
sont, après tout, supportables, n’est-ce pas ?
Pour
ce qui est de l’Amour, là nous sommes entièrement
satisfaits. Vous ne trouverez pas de nombreux couples comme nous qui
fêteraient bientôt leur
soixantième année de mariage dans la
sérénité, le bonheur, l’affection et l’amour
que nous éprouvons l’un pour l’autre Alors, que
demander de plus ? ! N’est-ce pas ?
Pour
l’âge, il ne faut pas exagérer non plus ! Personnellement,
je ne souhaite avoir ni un jour, ni une année, ni une décade de
moins afin de regagner le temps qui est passé ou bien de paraître
plus jeune. Déjà et je le dis sans fausse modestie, tout le monde
me donne dix ans de moins que mon âge qui est déjà
respectable ! Alors ? que désirer de plus ? Ce n’est pas que je sois pressé de passer l’arme à
gauche, dans l’autre monde, non, car la vie est trop belle malgré
les petites misères de l’existence mais je crains surtout de tomber dans la sénilité,
la dépendance ou toutes autres maladies attachées au Grand Age.
Alors, je laisse voir venir. C’est raisonnable, n’est-ce pas ?
Arrivé
là de mes pensées, la Marchande de Rêves revint me voir et
me demanda :
- Alors ? avez-vous
choisi ?
Je
lui ai fait part de tout ce qui précède et elle me dit :
- Mon bon Monsieur, je n’ai jamais eu
affaire à quelqu’un tel que vous. De tous ceux qui viennent ici,
personne n’est content de son sort et tous ont des souhaits plus ou moins
mirobolants ; vous êtes, je crois, l’exception qui confirme la
règle.
Alors
je lui ai dit :
- Et pour les rêves ?
- Je pense franchement que vous n’en
avez pas besoin puisque vous êtes si content de votre sort. Vous
êtes un homme heureux et je vous envie.
- Vraiment ? Vous n’auriez quand
même pas un tout petit rêve pour moi ?
- J’ai beau chercher je n’en
trouve pas et, en tous cas, c’est à vous de m’annoncer les
rêves que vous désirez voir réalisés afin que je
leur fasse prendre corps ! Si vous n’en avez pas, je ne peux rien
pour vous.
- Des rêves ? oh ! oui !
Puis-je vous faire une confidence ? Toutes les nuits, j’ai un ou
plusieurs rêves dont la plupart sont agréables ; rares sont
les mauvais rêves et ceux-là, je les oublie dès mon
réveil.
- Tout ce que je peux faire pour vous,
c’est vous donner ce conseil : Ecrivez vos rêves, vos
souhaits et vos expériences
de la vie et racontez-les autour de vous. Vous ferez plaisir à vos
lecteurs et à
vous-même !
Et
voilà comment j’ai commencé la rédaction de ce
recueil.
Juin 2011
Reçu de Madame Esther BENGHIAT ( Booguy )
POEME DE MON
RECUEIL D'EGYPTE (1952-54)
ECRIT UN
JOUR DE GRANDE DEPRIME A L'AGE DE 16 ANS
L'HOMME ETAIT DEBOUT LA, DEVANT
SON MIROIR
DEVANT CE JUSTICIER QUI NE
MONTRAIT POINT SA GLOIRE.
HAGARD, PALE, LIVIDE ET IL
N'OSAIT CROIRE
QUE CE
POUVAIT ETRE LUI, CET HOMME SANS ESPOIR
UNE
VOIX S'ELEVAIT DU MIROIR PLEINE D'ANXIETE
ET LUI
DISAIT, TU ES UN RATE, TU ES UN RATE.
IL PRIT
SA TETE ENTRE SES MAINS FREMISSANTES,
ET SE MIT
A PENSER AVEC UNE RAGE GRANDISSANTE
QU'IL
ETAIT BIEN LUI LE DERNIER DES HUMAINS.
ET DE SES
ENTRAILLES LA MEME VOIX SEMBLAIT MONTER,
ET LUI
DISAIT, TU ES UN RATE, TU ES UN RATE.
IL SE VIT
PAR UNE DOUCE NUIT D'ETE,
DANS UN
JARDIN SOMBRE OU LA LUNE EN BEAUTE,
SEMBLAIT
FAIRE EXPRES DE BEAUX COINS NOIRS,
OU IL
EMBRASSAIT SA BELLE ET OUBLIAIT SES DEBOIRES,
MAIS
ENTRES SES LEVRES MEME ET CELLE DE SON AIMEE,
LA MEME
VOIX DISAIT TU ES UN RATE, TU ES UN RATE..
PRIS DE
DESESPOIR ET LES YEUX PLEINS DE LARMES
IL VIT
DEVANT LUI SA VIE SANS AUCUN CHARME,
ALORS
COMME UN FOU IL COURUT VERS UN PONT
MAIS LE
FLEUVE LUI MEME SEMBLAIT LE RENIER
ET LUI
MURMURAIT, TU ES UN RATE, TU ES UN RATE.
IL PENSA
S'Y JETER DU PONT MAIS N'EUT PAS LE COURAGE
EN VOYANT
CETTE EAU LA, QUI SANS AMBAGE,
NARQUOISE,
IRONIQUE FORMAIT AVEC SES LARMES,
CES
MOTS INNOCENTS ET QUI ETAIENT SON ARME,
ET QUI RETOURNAIENT LE FER
CHAUD DANS SES PLAIES
EN LUI
ECRIVANT, TU EST UN RATE, TU ES UN RATE.
Janvier 2011
Reçu le 23 novembre 2010 de Monsieur
Léon et Ety GABRIEL :
Un
jour, l'âne d'un fermier est tombé dans un puits. L'animal
gémissait pitoyablement pendant des heures, et le fermier se
demandait quoi faire. Finalement, il a décidé que l'animal
était vieux et le puits devait disparaître de toute
façon, ce n'était pas rentable pour lui de
récupérer l'âne. Il a invité tous ses voisins
à venir et à l'aider.
Ils
ont tous saisi une pelle et ont commencé à enterrer
l'âne dans le puits.
Au début, l'âne a réalisé ce qui se produisait et
se mit à crier terriblement.
Puis à la stupéfaction de chacun, il s'est tu.
Quelques pelletées plus tard, le fermier a finalement regardé
dans le fond du puits et a été étonné de
ce qu'il a vu. Avec chaque pelletée de terre qui tombait sur
lui, l'âne faisait quelque chose de stupéfiant. Il
se secouait pour enlever la terre de son dos et montait dessus.
Pendant que les voisins du fermier continuaient à pelleter sur
l'animal, il se secouait et montait dessus. Bientôt, chacun a
été stupéfié que l'âne soit hors
du puits et se mit à trotter !
LA MORALE DE
CETTE HISTOIRE
La vie va essayer de t'engloutir de toutes sortes d'ordures. Le truc pour
se sortir du trou est de se secouer pour avancer.
Chacun de tes ennuis est une pierre qui permet de progresser. Nous pouvons
sortir des puits les plus profonds en n'arrêtant jamais. Il ne faut
jamais abandonner!
Secoue-toi et fonce!
Rappelle-toi, les cinq règles simples! À ne jamais oublier,
surtout dans les moments les plus sombres.
Pour être heureux /
heureuse :
1. Libère ton coeur de la haine.
2. Libère ton esprit des inquiétudes.
3. Vis simplement.
4. Donne plus.
5. Attends moins.
Merci d'être là...
Ce texte m'a été envoyé, je l'ai trouvé beau,
je n'ai pas pu le garder pour moi et
j'ai voulu le partager à mon tour avec toi.
J'espère que tu feras pareillement
Aout 2010
(Un conte de Mimi de Castro)
Désespéré Sharif constate
tristement ce qu'est devenu son royaume: désertique,
desséché et abrupte au possible après la dernière
vague de khamsin qui a sévi pendant si longtemps. Il ne reste plus rien
de la belle oasis verte remplie de palmiers et d'oliviers, de lacs et de
rivières abreuvant le pays. Avec un coup de pinceau cruel et
inexplicable la nature a balayé tous les dons dont elle avait
béni le royaume.
Au
bord du ruisseau qui dans le temps était une belle et orgueilleuse
rivière, Sharif reste penseur. C'est un endroit où il aimait autrefois
venir s'asseoir, regarder les poissons sauter et se poursuivre gaiement dans le
courant et sentir la brise odorante lui caresser le front. Le vent dans les
palmes et le bruit des flots se mêlaient et calmaient le jeune homme en
lui apportant une félicité qu'il appréciait plus que tout.
Tout
cela semble si loin ! Aujourd'hui, la situation ne peut que se dégrader
et causer malheurs et désastres. Il se sent responsable auprès de
son peuple bien aimé. Il lui faut impérativement trouver une
solution même s'il doit céder le trône à un autre roi
qui pourrait restituer la santé à son pays.
Le
roi Hatem, père de Sharif alité depuis plusieurs mois est mourant
sur sa couche qu'il ne veut plus quitter. Le grand vizir jure que les malheurs
affligeant le royaume sont dus au fait que Sharif n'est pas encore marié
et qu'aucun héritier mâle n'était né depuis
longtemps. Chacun des conseillers du roi supplie Sharif à son tour de
prendre femme afin de mettre un terme cette terrible situation.
Ce
que tout le monde ignore, c'est que le cœur de Sharif appartient à
une créature de la nature qui l'avait totalement séduit et qui
emplissait jour et nuit ses pensées. Un jour, juste avant que les
malheurs ne frappent le royaume, Sharif l'avait aperçue sous
l'étrange forme d'une femme qui était apparue dans un
fourré au bord de
A
peine Sharif avait-il entendu cette voix fascinante qu'il avait succombé
à son charme. Il venait souvent s'entretenir avec elle de tout et de
rien jusqu'à ce que finalement il lui confie ses problèmes et les affaires du royaume. Elle le conseillait bien mais
entre-temps la situation s'aggravait de jour en jour, la sécheresse
s'installait définitivement dans le pays et son impact se ressentait
partout.
Tout
semblait perdu et sans espoir, quand Donia
disparut tout d’un coup. Sharif,
désespéré, retournait sans cesse à l'endroit
où il aimait la rencontrer mais en vain! Sharif ne pouvait plus l’attendre
et il fallait absolument résoudre le problème afin de sauver le royaume d'une perte
certaine.
Les
contacts diplomatiques s'étaient poursuivis et bientôt plusieurs
des royaumes avoisinants envoyèrent à la cour du roi Hatem des
délégations avec des propositions de mariage. Une union entre le
prince Sharif et une princesse de l'un de ces pays pourrait sauver le royaume.
Dans la salle d'audience en présence de toute
la cour, du roi Hatem assis sur son trône pour cette occasion, et du
prince Sharif à ses côtés, s'ouvre la
cérémonie de présentation des princesses.
La
deuxième princesse Nabiha, fille du roi de Sabil, arrive avec une traînée d'esclaves et
de cadeaux pour le roi Hatem. Elle est encore plus belle que
Dahab,
la troisième princesse, venue du royaume de Moftah,
s'avance précédée des dons envoyés par son
père. Fière, hautaine et belle, couverte de somptueux
vêtements, elle éblouit le public car tissée de fils d'or,
la cape sur ses épaules brille de mille lueurs. Son chambellan l'annonce
comme "Celle qui vaut son pesant d'or". En fait
On
s'exclame et on admire le résultat mais lorsque Sharif s'adresse
à la princesse, il constate qu'elle manque totalement d'intelligence et
n'a aucune réponse aux questions que lui pose le prince.
Découragé,
le prince Sharif se tourne vers son père qui, les larmes aux yeux, le
supplie de faire son choix.
- Allons mon
fils, il faut décider, nous ne pouvons plus attendre.
- Mais
père, répond Sharif, il y a encore une personne que nous n'avons
pas vue. J'espérais qu'elle serait arrivée. Il nous faut
l'attendre. C'est elle que je désire...
- Qui est-elle mon
fils, où est-elle? De quel royaume vient-elle? S'impatiente le vieux
roi.
- Elle pourra
répondre à toutes ces questions aussitôt qu'elle
apparaîtra mon père.
A
ce moment, un brouhaha se fait entendre et les courtiers s'écartent
consternés pour laisser passer une créature étrange qui se
dirige pesamment vers le trône. Les yeux écarquillés et
silencieux la foule lui fait place. Sharif se tourne en direction du bruit et
lance un cri victorieux en voyant Donia, car c'est bien elle qui s'approche.
- C'est elle
père c'est celle que je désire. Elle s'appelle Donia et je
l'aime... soupire-t-il.
- Quoi?
Ça? Comment....balbutie le roi en se tenant la poitrine comme pour
contenir son cœur effaré. Il est tout rouge et proche de
s'effondrer. Le grand vizir fait signe à son médecin de
l'assister et dans la salle d'audience c'est le chaos total.
Sharif
s'agenouille devant son père et lui prend la main avec amour et respect.
Il s'adresse à lui d'une voix forte pour que toute la cour entende.
- Mon cher
père, noble et fort. Je ne veux point te manquer de respect mais
laisse-moi te dire qu'aujourd'hui nous avons vu des princesses nobles et belles
mais qui n'apporteront rien à notre royaume. Tandis que Donia , oh mon
père, elle nous redonnera la vie qui vient à nous manquer.
- Regardez tous
s'il vous plaît...regardez bien Donia et fixez-la dans les yeux et je
vous décrirai ce que vous allez voir. Après cela si vous pensez
qu'elle n'est pas la femme qu'il me faut, je me rendrai à votre
jugement.
Le prince descend les marches et gentiment prend la
main de Donia, rugueuse et couverte de plaques qui s'écorchent et la
conduit vers le trône. Une fois arrivée en face du roi, Sharif la
positionne de façon à ce que son père puisse la regarder
dans les yeux. Sans mot dire, Donia regarde le
roi et Sharif traduit à l'assemblée ce que le roi voit.
- Dans les yeux
de Donia se reflètent des rivières gorgées de poissons,
des couchers de soleil illuminent la terre, des champs de blé dansent
sous la caresse du vent, la nature en fête s'épanouit et la joie
se répand partout...il n'y a que des chants de remerciement au Dieu
Unique qui envoie Ses dons vers nous...tout cela est possible avec Donia
à mes côtés...
Le
roi Hatem, ému, les larmes pleins les yeux regarde son fils et toute
l'assemblée en déclarant
"Que la volonté du Seigneur soit, car c'est sûrement
de Lui que nous vient Donia."
Le silence est lourd dans la salle parce que tout le
monde se demande comment le prince Sharif épouserait-il une
créature si difforme et étrange telle que cette Donia. Quelle
sorte d'enfants auront-ils?
Le
prince Sharif déclare à son père que c'est seulement lui,
le roi qui doit lui donner la main de Donia. Le roi se lève en titubant
et son vizir l'aide. Il saisit la main difforme de Donia et la met dans celle
de Sharif. Voilà que tout d'un coup cette dernière se transforme
en une femme resplendissante de beauté et rayonnante devant les yeux
ébahis de Sharif, son père et toute la foule.
La
joie règne depuis lors sur le pays renaissant grâce à Donia
qui sous l'effet d'un sortilège malin avait été
réduite à cet état jusqu'à ce que l'amour d'un
homme lui redonne sa vraie forme humaine.
15 Avril 2010
Reçu le 9 avril 2010 de Madame Lily
KHODARA :
Une
légende raconte qu'au commencement du monde, quand Dieu
décida de créer la femme, il trouva qu'il avait
épuisé tous les matériaux solides dans l'homme et qu'il ne
disposait plus de rien. Devant le dilemme et après une profonde méditation,
voilà ce qu'il fit:
1 Il prit la rondeur de la lune,
2 les suaves courbes des vagues,
3 la tendre adhérence du liseron,
4 le tremblant mouvement des feuilles,
5 la sveltesse du palmier,
6 la teinte délicate des fleurs,
7 l'amoureux regard du cerf,
8 la joie du rayon de soleil et les gouttes des pleurs des nuages,
9 l'inconstance du vent et la fidélité du chien,
10 la timidité de la tourterelle et la vanité du paon,
11 la suavité de la plume du cygne et la dureté du diamant,
12 la douceur de la colombe et la cruauté du tigre,
13 l'ardeur du feu et la froideur de la neige.
Il mélange ces ingrédients si divers, forme la femme et la donna à l'homme.
Une semaine après l'homme
vint et lui dit :
F-
Seigneur, la créature que tu m'as
donnée me rend malheureux,
1 elle requiert toute mon attention,
2 ne me laisse jamais seul,
3 bavarde intensément,
4 pleure sans motif,
5 s'amuse à me faire souffrir
et je viens te la rendre car JE NE PEUX PLUS VIVRE AVEC ELLE.
F-Bien, répondit Dieu et il prit la femme.
Une semaine après, l'homme revint et lui dit :
1- Seigneur, je me sens très
seul depuis que je t'ai rendu la
créature que tu as faite pour moi,
2
elle
chantait et jouait à mon côté, elle me regardait
avec tendresse et son regard était une caresse,
3
elle
riait et son rire était musique,
4
elle
était belle à voir et douce au toucher.
Rends-la-moi
FCar
JE NE PEUX PAS VIVRE SANS ELLE car dans ses défauts elle est EXTRAORDINAIRE."
Envoyez cela à toutes les femmes extraordinaires que vous
connaissez et à tous les hommes pour qu'ils ne doutent jamais des femmes
qui les entourent.
Ne changez jamais, restez toujours vous même.
Décembre 2009
Reçu
Après une
guerre de laquelle il était retourné victorieux, Seif el Din demande à son
père le sultan Jehan de l’envoyer à nouveau faire de
nouvelles conquêtes en son nom.
_ Noble fils de ton père, repose-toi un peu. Il
est grand temps que tu épouses une belle princesse et que tu nous
produises des héritiers. Tu as grandement fais ton devoir et notre
royaume est sain et sauf grâce à ta bravoure.
Le sultan supplie son fils mais le jeune
homme impatient et assoiffé d’aventures refuse
d’écouter la voix de la sagesse.
_ Mon père, je te respecte et je t’aime plus
que tout au monde mais je ne pourrai jamais m’habituer à une vie
calme et oisive. J’ai besoin d’être libre et de me sentir utile.
Ne sachant plus que
faire afin de retenir son fils au palais, le
sultan consent à ce que Seif el Din se remette en route
à une condition.
_ Mon fils choisis-toi une femme et ensuite je
consentirai à ce que tu partes. Il y a une mission que je ne peux
confier qu’à toi. Il faut qu’au bout de l’année
tu aies trouvé une épouse digne de porter les enfants qui seront
nos héritiers.
Ne pouvant refuser
à son père une telle requête, Seif
el Din entouré de ses conseillers,
décide de passer en revue les familles qui auraient des filles dignes de
son royaume. Des semaines durant le voilà en pourparlers et
conférences mais il ne trouve aucune fille à son goût.
Chaque jour, Seif el Din sort du palais sur son magnifique cheval
blanc et passe à côté d’une mendiante aveugle
à qui il laisse quelques sous dans son écuelle.
La
femme le bénit toujours et lui souhaite de vivre longtemps heureux et
d’avoir beaucoup d’enfants. Un jour Seif
el Din lui adresse la parole et lui demande
« Vieille mère pourquoi me souhaites-tu beaucoup
d’enfants et je ne suis même pas marié. » La
mendiante soupire longuement et lui répond avec un sourire.
_ Noble prince Seif el Din, cesse de chercher une femme parmi celle que tu
connais. Celle qui sera ton épouse et qui te rendra heureux n’est
point dans ce royaume.
Le jeune prince, curieux malgré lui met pied à terre et
questionne la vieille femme.
_ Vieille mère depuis quand es-tu aveugle et
comment sais-tu, ce que j’ignore moi-même?
_ Je suis aveugle depuis 18 ans mon prince, punie
d’un grave délit commis à mon insu.
La vieille soupire encore tandis que de chaudes larmes
coulent de ses yeux sans vue. Pris d’une grande pitié pour la
vieille mendiante, le prince ordonne qu’on lui trouve un logis et que
l’on nourrisse cette pauvre femme. Ensuite il lui demande de raconter son
histoire.
« Mon noble bienfaiteur, le destin
m’a mis sur ta route car quand tu auras entendu mon histoire tu sauras
où se trouve ta future fiancée et comment
Je te disais donc que lorsque
Les parents au désespoir et tous les membres de
la famille et de la cour en émoi n’ont pas réussi à
retrouver la petite princesse. La colère et le deuil des parents
n’avait pas de pareil et furieux le roi avait ordonné de
m’aveugler parce que mes yeux avaient erré loin de sa fille
bien-aimée.
Je ne lui en veux pas parce que c’est en effet
ma faute si on a réussi à enlever notre trésor. Je me
morfonds depuis dix-huit ans mon prince et je ne puis me
pardonner. »
La vieille mendiante se tait pendant que de terribles
sanglots secouent son pauvre corps squelettique. Le prince est pris de
pitié pour elle et pour ce pauvre roi qui non seulement avait perdu son
enfant mais son royaume aussi. Quand elle se calme un peu, Fahima
se relève et prend la main du prince Seif el Din et la serre de toutes ses forces.
_ Noble prince et grand héros de ton pays,
écoute-moi car seul toi tu pourras résoudre ce problème,
il n’y a que toi qui puisse sauver le pauvre roi Tal’aat
et retrouver Amar el A’lam. Quand tu la
trouveras tu l’épouseras, c’est elle qui t’est
destinée.
_ Comment sais-tu tout cela vieille mère? Pourquoi
penses-tu que je vais faire ce que tu me demandes?
_ Le jour où le glaive chaud a
été enfoncé dans mes pauvres yeux, j’ai perdu la vue
de ce monde. Mais j’ai eu d’autres yeux qui se sont ouverts vers un
monde ou les valeurs sont différentes. J’ai eu une vision
prophétique qui me mit au courant de ce que je viens de te dire. De plus
je sais exactement qui a kidnappé notre Amar. Elle aura dix-neuf ans et
elle est si belle que dans ses yeux se baignent le jour et
La mendiante épuisée se tait et pendant
un long moment Seif el Din
reste silencieux à ses côtés. Après réflexion
le jeune homme lui demande de continuer son récit et la vieille le fait.
_ Celui qui a enlevé Amar n’est autre que
le terrible sorcier et magicien ‘Afrite. Oui,
cher prince celui même que tu avais poursuivi une nuit après les
dégâts qu’il avait causés aux paysans de ton
père. C’est lui qui, il y a dix-huit ans s’est introduit au
palais de Tal’aat et a enlevé
_ Mais comment déjouer ce magicien s’il
est tellement puissant et fort, comment
pourrais-je vaincre et libérer la princesse?
_ Noble prince, ce magicien a une faiblesse. Il adore
jouer aux échecs, ce jeu en provenance de la Perse je crois. Il ne
trouve pas de bons joueurs et il lui arrive même de kidnapper des hommes
afin de les obliger à jouer avec lui. Il a enseigné le jeu
à Amar pour qu’elle lui tienne compagnie mais elle ne joue pas
encore assez bien. Ce magicien aussi aime les fêtes foraines avec des
chanteurs, danseurs et acrobates qu’il fait tuer par ses singes
après le spectacle. Il
n’y a presque plus d’artistes qui s’aventurent du
côté de son village de peur d’être tués.
_ Alors tu veux dire que je dois apprendre à
jouer ce jeu et lui présenter un spectacle et après quoi?
S’étonne le jeune Seif el Din.
_ Je suis sûre que tu trouveras une solution
afin de t’introduire dans le palais de ‘Afrite
et de te faire voir par Amar. Elle comprendra que tu arrives enfin pour
Le jeune prince
reste silencieux et pensif car toute cette histoire lui plait. Il est
aventureux et intrépide; de plus à entendre Fahima
parler de Amar el A’lam il l’aime
déjà. Reste à faire des plans pour que sa mission
réussisse et qu’il libère la belle princesse. Seif el Din quitte la vieille
mendiante en s’assurant qu’elle lui remette le poison qu’elle
avait mentionné ainsi que la direction de la région où se
trouve le magicien ‘Afrite.
Après
avoir pris conseil de son père qui voulait le convaincre de ne pas
entreprendre une telle mission, Seif el Din part avec la bénédiction du roi. Il
demande à une troupe de musiciens, de clowns et de chanteurs de
l’accompagner sans rien leur mentionner des dangers éventuels
qu’ils rencontreraient au bout du voyage. Mais il les prépare
à bien se défendre dans le cas d’une attaque.
Ils
se mettent en route et durant tout le voyage, Seif
pratique et étudie le jeu d’échecs que l’on nomme
aussi le jeu des rois. Il apprend vite et facilement tous les mouvements
possibles de ce jeu.
Arrivés
proche du village où vit le magicien, Seif et
sa troupe installent leurs tentes et avec fanfare appellent les villageois
à venir voir leur spectacle. De cette manière Seif
el Din espère attirer l’attention du
sorcier pour qu’il puisse lui-même se rendre auprès de la
demeure de ‘Afrite sans entraves.
Les villageois se
rassemblent gaiement autour du campement des artistes et pendant qu’on
les fait asseoir pour le spectacle, Seif el Din inspecte les alentours. Il découvre que la
maison au haut de la colline appartient au magicien et que celui-ci est
très friand de spectacles de jongleurs et d’acrobates. Les
musiciens font irruption sur la scène et le spectacle commence avec
brio. A ce moment le magicien arrive entouré de ses singes qui lui
servent de gardiens. Il est armé jusqu’aux dents et son visage
grimaçant est effroyablement laid. Seif tremble
de peur pour
Seif el Din s’esquive habilement et se dirige au pas de
course vers
Il se glisse avec
agilité et s’arrête tout d’un coup sous une
fenêtre de laquelle brillait une forte lumière. Il grimpe le long
du mur en s’agrippant au lierre et atterrit sur le balcon. Sans faire de
bruit, Seif écoute les voix qui retentissent
derrière les portes ouvertes. Il entend une voix de femme et des
sanglots à fendre le cœur.
Mais
à peine fait-il mine de pénétrer dans la pièce,
qu'il entend un terrible grondement et une panthère noire apparait
menaçante. Il fait un bon en arrière
pendant qu’à la porte du balcon une extraordinaire vision est
visible. Seif n’a pas le temps de la regarder
car la menace de la panthère exige toute son attention. Il sort son
glaive et se prépare à attaquer l’animal. Une voix se fait
entendre « N’aie pas peur Seif! »
Le jeune homme reconnait la voix de
Seif est surpris mais ne relâche pas
sa vigilance car soudain c’est un lion qui rugit avant d’apparaitre
devant lui. Sachant qu’il a à faire avec des sortilèges de
magicien, Seif continue à utiliser son
imagination afin d’effacer l’image de l’animal qui lui fait
face. Ainsi à plusieurs reprises il réussit à surmonte sa
peur et ces hallucinations créées par le magicien cessent
d’apparaitre.
Mais le jeune prince sait qu’il n’avait
pas encore atteint son but. Il replace
son glaive dans son fourreau et fait irruption dans
La plus âgée se détache de
l’autre et lui demande s’il est le jeune héros venu de loin
pour les sauver des griffes du magicien. Il acquiesce de la tête et
finalement ayant retrouvé ses esprits, le jeune répond.
« Je suis là pour sauver
Les deux femmes échangent des regards rapides
et hochent
Sa décision est prise. Il n’a pas de
choix. Il se retourne vers les deux femmes et déclare
« Mesdames, je suis votre chevalier servant. Même si vous
n’êtes pas qui je pense, je dois vous sauver. Dépêchez-vous
vite il faut que nous partions tout de suite. » Il aide les femmes
à sauter du balcon dans le jardin et il les cache parmi les épais
buissons qui entourent
Autour de la tente du spectacle une grande foule se
dépêche de partir avant que la bonne humeur du magicien ne
s’épuise et qu’il fasse des prisonniers. Les acteurs et
acrobates prêts à la bagarre observent le magicien et ses singes
qui rient encore du spectacle. Soudain le magicien rugit en levant sa main
gauche armée d’un gourdin. « Qui joue aux échecs
dans cette troupe? S’il n’y a personne, je me prépare
à vous bastonner comme il se doit. »
Seif el Din
avance vers le magicien « C’est moi que tu veux magicien, je
joue aux échecs et je parie devant tout le monde que je vais te
battre.”
‘Afrite gronde encore
plus fort et la foule s’éloigne en vidant le centre de la place
pour qu’une table soit dressée et deux chaises ajoutées.
Le magicien et le jeune prince s’assoient et un
échiquier est mis devant eux.
Aussitôt que la partie commence, Seif el Din prétend
qu’il souffre d’une grande soif et toutes sortes de boissons sont
mises à leur disposition. Il encourage le magicien à boire mais
soupçonneux ‘Afrite exige que Seif boive avant lui.
Le jeune prince finalement réussit à
glisser quelques gouttes du poison que lui avait donné Fahima mais il doit le mettre dans les deux verres pour que
le magicien n’hésite pas à boire de son verre. Seif récite une courte prière vers le ciel
mais il sait qu’ingérer le poison lui aussi est la seule façon de se
débarrasser du monstre et sauver les deux pauvres femmes prisonnières.
Les deux hommes
trinquent avant de boire leur coupes jusqu’au bout. ‘Afrite se prépare à faire bouger un de ses
pions lorsqu’il s’affaisse la tête la première sur
Les hommes de Seif sont atterrés de se rendre compte que Seif lui-même était sans connaissance aussi
aux côtés du brutal magicien. Cela n’était point
prévu. Attristés et endeuillés les hommes transportent le
corps
Tout d’un
coup, descendant de la colline, les hommes regardent bouche bée une
lueur resplendissante qui avance vers eux. Ils ferment les yeux ne pouvant
supporter ces feux. Une femme s’avance en se détachant de ce nuage
éblouissant et leur parle d’une voix douce.
« N’ayez pas peur, je suis Morgana la
servante de
« Maîtresse, reine du monde, le
malheur est grand et nous a frappés à tous. Notre prince a
succombé tout en tuant le magicien. Nous voilà en deuil ne
pouvant plus retourner à nos familles et notre pays. »
Amar el A’
Alam, s’avance encore et les hommes commencent à distinguer ses
traits d’une grande beauté et bonté. Cela sera certainement
la dernière fois qu’ils la verront car cette lumière et la
beauté sans frontière de cette princesse seront à jamais
cachés et les mortels ne la reverront jamais plus. Ils se prosternent
tous et attendent qu’elle parle. Sa voix douce comme une chanson
s’adresse à tous.
« Vous allez voir un miracle
aujourd’hui et vous allez en parler à vos enfants et
petits-enfants. Votre maître le prince Seif el Din protecteur des faibles et héros de votre pays
m’a libérée du joug du magicien. Il a payé de sa vie
sans questionner et sans rien demander. Le destin me l’avait
destiné et il est venu me chercher. C’est pour cela que
reconnaissant ses nobles sentiments, il m’a été
donné de lui rendre la vie pour que nous puissions vivre pour toujours
ensemble et veiller au bien de nos royaumes. »
A peine avait-elle
terminé de parler, que le jeune homme repousse la cape dont il
était couvert et se remet sur pied. Resplendissant de beauté et
de noblesse il s’approche de la belle princesse pendant que toute
l’assistance à genoux remercie Allah de ce miracle.
Dans les bras de son aimé
Et c’est ainsi que se terminent les aventures du
prince Seif
el Din car maintenant il a une raison de rester et
régner dans son royaume. Il remplace donc son vieux père et
réunit la famille de la princesse autour de lui, d’elle et de
leurs enfants.
Octobre 2009
(Un conte de
Il était une
fois, dans un pays lointain, un roi qui avait
une fille. La princesse était si belle que le roi la protégeait
dans un grand palais entouré d’une énorme muraille. Sur les
remparts des gardes se promenaient jour et nuit armés jusqu’aux dents.
A l’âge
de se marier, des chevaliers du
monde entier accourent se présenter aux portes du palais. Mais la
princesse ne veut rien entendre et refuse de choisir un mari dans la foule des
chevaliers servants.
Le roi Haroun
était très flatté par l’intérêt que lui
portaient les nobles des royaumes adjacents et il espérait que sa fille
choisirait le prince digne d’être son époux afin
d’avoir un héritier au trône. Il ne comprenait pas la raison
pour laquelle sa fille se comportait de cette manière.
Impatient, le roi
demande à sa fille de le rejoindre dans la salle de réception
où tous les prétendants de sa fille étaient réunis. Comme toujours, à peine Leila faisait son apparence, la lune et le soleil pâlissaient,
les étoiles s’éteignaient petit à petit et
l’on entendait un doux tintement de clochettes qui sonnaient avec chacun
de ses petits pas. Elle s’installe sur le trône à
côté de son père le roi Haroun. Dans le silence qui suit,
le roi informe sa fille que les princes défileront
bientôt et qu’elle devra choisir. Mais, Leila
réplique gentiment à son père que rien ne lui fera
épouser un de ces hommes. Lorsque le roi outragé par la
désobéissance de sa fille exige une explication, Leila
répond qu’elle lui en fera part en privé.
Après avoir
exigé que toute la cour se retire, la jeune princesse commence son
récit d’une voix calme et douce mais pleine d’émoi.
« Mon
cher père tu comprendras pourquoi il n’y a qu’un seul homme
pour moi lorsque je t’aurais conté ce qui m’est
arrivé.
Depuis ma jeune enfance je n’ai connu ni frère ni sœur
et aucun compagnon de ma jeunesse n’est resté assez longtemps
à mes côtés, ce qui fait que
j’ai grandi très solitaire. Je désirais tellement un
compagnon de jeu que j’ai
commencé à en inventer un.
Tous les soirs ce jeune garçon venait me rendre
visite et je jouais avec lui au jardin et à
Brusquement, le roi
s’est levé de son trône et
furieux s’est écrié « Mais c’est terrible!
Je vais faire massacrer les coupables… »
La princesse lui a fait signe se taire et a
continué son récit.
« Mon
père tu dois comprendre que ce garçon était le
résultat de mon imagination. De plus, il
a rendu mon enfance supportable car la solitude me pesait vraiment. Crois-moi
que vivre dans une cage d’or c’est toujours une cage. Si tu
m’aimes mon père, Ô roi tout puissant tu
m’écouteras jusqu’au bout! »
Le roi qui adorait
sa fille se résigne à écouter le récit et retourne
s’asseoir sur son trône.
« Les années ont passé et me
voilà en âge de choisir un époux mais je ne pouvais
imaginer perdre mon compagnon. Soudain il n’est plus retourné me
voir et c’est à ce moment que la tristesse m’a accompagnée tous les jours. J’ai passé
mes nuits à pleurer et
à appeler mon ami mais rien à faire. J’ignore ce qui a
causé l’absence de mon compagnon mais voilà,
j’étais à nouveau seule. Un soir en me promenant dans mon
jardin toute seule comme à l’accoutumée je parlais à
mes roses et en touchant l’une d’elle ses épines m’ont
blessé le doigt et le sang a perlé. En tombant sur le sol, le
sang a fait pousser une tige sur laquelle un minuscule Djinn s’est
trouvé. Il m’a immédiatement avisée que mon seul
époux serait ce compagnon mais il me faudrait d'abord le trouver.
Cher Père, je n’ai aucune
idée où chercher. Ce compagnon je l’avais inventé de
toutes pièces, j’étais loin de penser que
c’était un Djinn ou une créature de ce genre. »
Des larmes comme des diamants roulaient sur ses belles joues nacrées.
Le roi Haroun
mystifié par l’histoire que lui raconte sa fille adorée ne
voit pas d’autre issue que celle de chercher à lui plaire. Il lui promet donc de chercher
l’homme qui doit devenir son mari. Il annonce aux chevaliers qu’une
énorme fortune attendra celui qui pourra trouver le compagnon de sa
fille. C’est ainsi qu’un grand nombre
d’aventuriers défile au palais mais en vain, personne n’arrive à trouver cet homme, ni même
les magiciens les plus puissants. La princesse désespérée
se lamentait sans fin et dépérissait de jour en jour.
Un jour, à
la grille du palais un mendiant se présente et
demande une audience au roi Haroun. Les gardes de la cour voulant lui
refuser l’entrée, se voient obligés de l’admettre
quand il leur annonce qu’il a une
solution au problème de
Le pauvre mendiant
se jette aux pieds du roi et d’une voix tremblante lui dit être le
fiancé de sa fille. Le roi furieux pensant qu’il s’agit d’un mauvais tour demande aux
gardes d’emprisonner le mendiant. Il fait venir sa fille Leila et lui
demande des explications mais elle ne sait que dire ne reconnaissant pas le
jeune homme en prison. Le mendiant les supplie d’écouter son
histoire.
« Je
conjure ta Majesté, il faut que tu m’écoutes. Ensuite si tu
ne me crois pas tu peux m’exécuter. Je serai à ton
entière disposition. »
Le roi Haroun,
décide enfin de prêter attention au pauvre jeune homme
agenouillé à ses pieds. A mesure que le mendiant raconte son histoire, une transformation prend place dans la geôle de
« Ô grand roi Haroun dont la
puissance et la générosité sont connues du monde entier;
écoute mon histoire et sois toi-même le juge de ce qui m’est
arrivé. Je suis le dernier-né fils d’un de tes pauvres jardiniers responsable des labyrinthes de ta
seigneurie. Cette partie des jardins ô roi où tu préfères
passer ton temps. Je suis donc son plus jeune fils. Je passais souvent des
heures à suivre mon père pour apprendre le métier. Un soir
que je m’étais endormi tout près du jardin de
Je
ne savais pas qui elle était mais j’ai
surgi de derrière les buissons et j’ai fait de tout pour la
faire sourire. Ses larmes séchées, la petite fille m’a
demandé d’être son compagnon de jeu et de lui jurer que je
le serais pour toujours. C’est ce que
j’ai fait et voilà, des années durant je suis venu tous les
soirs pour jouer avec elle. Elle était sûre que
j’étais une simple invention créée par son
imagination et je n’ai jamais rien dit pour changer ceci car je savais
qu’elle avait besoin de moi.
Avec le temps qui passait notre amitié s’est
transformée en amour et maintenant ô roi Haroun je suis à
tes pieds et je sais que je ne pourrais jamais être son mari. Alors tu
peux me tuer car la vie sans elle ne vaut rien. »
Le pauvre jeune
homme reste accroupi à terre, en larmes, tremblant et ne
sachant pas comment le roi réagira à sa confession. Durant cette
conversation, le roi s’était rendu compte du changement
dans l’atmosphère de
Le roi demande au
mendiant de se relever et sans lui dire qu’il le croyait il lui soumet le
plan qu’il avait en tête. Le jeune homme
devrait se présenter sale et misérable devant la princesse
et si elle le reconnaissait et prononçait son nom à haute voix,
il gagnerait la main de la princesse.
Le jeune homme n’avait d’autre recours
qu’accepter les termes posés par le roi. Dans la salle de
réception, devant toute la cour, le roi installe sa fille sur son
trône et demande aux gardes de faire entrer le mendiant.
« Ma
fille bien-aimée, voilà
ton époux. Tu iras vivre avec lui dans sa masure dans la campagne
adjacente à nos terres. » Aux yeux atterrés de tous
les nobles, les chevaliers et la famille royale ainsi que la princesse, les
gardes jettent le pauvre homme aux pieds du roi.
Le jeune mendiant
ne relève pas la tête et reste prostré couvert de ses
haillons puants et dégoutants. Au premier
abord la princesse tourne la tête et se pince le nez pendant que de
grosses larmes lui coulent sur ses joues. Le
roi lui demande de s’approcher de son futur mari et tout le monde
s’apitoie sur le sort de
Tout d’un
coup, une odeur familière lui chatouille les narines. Elle
s’approche lentement du mendiant et à mesure qu’elle avance
la salle se remplit d’une lueur
dorée et chaleureuse. Un parfum de fleur enveloppe toute
l’assistance et à deux pas du jeune homme la princesse
s’écrit « Amir, mon prince! ».
Répondant
à cet appel les haillons qui couvrent
le corps du jeune homme tombent à terre et il se relève
vêtu d’or et d’argent.
Amir et Leila resplendissent tous les deux bénis par la joie et
le bonheur de l’amour qu’ils portent en leur cœur.
Et c’est
ainsi que l’histoire de Leila la belle princesse se termine avec le
triomphe de l’amour.
Avril 2009
Reçu le 19 janvier 2009 de Monsieur
Clément DASSA :
Conte
philosophique, auteur inconnu.
L’histoire
raconte qu’une femme pauvre avec un garçonnet dans les bras, qui
passent devant une caverne, entendit une voix mystérieuse qui venait de
l’intérieur qui lui disait : Entre et prends tout ce que tu désires, mais
n’oublie pas le principal. Et souviens-toi d’une chose :
après que tu sois sortie, la porte se fermera à tout jamais.
Cependant, profite de l’opportunité mais n’oublie pas le principal.
La
femme entra dans la caverne et trouva beaucoup de richesses. Fascinée
par l’or et les bijoux, elle déposa l’enfant à terre
et commença à amasser anxieusement tout ce qu’elle pouvait
dans son tablier. La voix mystérieuse lui rappela : « Tu
as seulement huit minutes ». Les huit minutes
épuisées, la femme chargée d’or et de pierres
précieuses, courut hors de la caverne et la porte se ferma…Elle se
rappela, alors, que le garçonnet était resté à
l’intérieur et la porte fermée à tout jamais…
La
richesse dure peu et le désespoir, toujours…..La même chose
nous arrive parfois. Nous avons quelque 80 ans pour vivre en ce monde et,
toujours, une voix nous rappelle : « De ne pas oublier le principal »
Le principal, c’est les valeurs
spirituelles, la foi, la vigilance, la famille, les amis,
Ainsi, nous épuisons notre temps
ici-bas et nous laissons de côté l’essentiel : LES TRESORS DE L’AME.
Nous ne devons jamais oublier que la vie en ce monde passe rapidement et que la
mort arrive de façon inattendue. Et lorsque la porte de la vie se
fermera pour nous, à rien serviront les lamentations.
Nous vivons dans un monde rempli de
problèmes, d’angoisses, de corruption, de vandalisme,
d’injustices ou, à chaque jour, meurent des petits innocents, des
parents de familles stressées, mais tout cela arrive parce que nous avons oublié le principal :
L’AMOUR – LA PAIX – L’HUMILITE – LA SINCERITE
– LA PURETE –
S’IL TE PLAIT SOIS HEUREUX A CHAQUE
INSTANT, A CHAQUE MOMENT DE TA VIE, POUR TRES DIFFICILE QUE SOIT
L’APPARITION D’UN PROBLEME.
LA
VIE, seulement UNE, PROFITES
LE 28/02/2009
Reçu le 13
janvier de Madame Nell LEV :
Un jour, une femme
sort de sa maison et voit trois vieillards avec de
longues barbes
blanches, assis devant chez elle. Elle ne les reconnaît pas.. Elle leur
dit :
' Je ne pense pas
que je vous connaisse, mais vous devez avoir faim, s'il vous plaît,
entrez et je vous donnerai quelque chose à manger '.
- ' Est-ce que les
enfants de la maison sont là ? ' demandent-ils.
- ' Non, ils sont
sortis ' leur répond-elle.
- ' Alors nous ne
pouvons pas entrer '.
En fin
d'après-midi, lorsque les enfants reviennent de l'école, la femme
leur raconte son aventure avec les trois hommes.
- ' Vas leur dire
que nous sommes à la maison et invite-les à entrer '! Disent-ils
à leur mère. La femme sort et invite les hommes à entrer
dans la maison.
- ' Nous n'entrons
jamais ensemble dans une maison ', répondent-ils.
Un des vieillards
explique :
-' Son nom est
'Richesse', dit-il en indiquant un de ses amis, et en indiquant l'autre, lui
c'est 'Succès', et moi je suis 'Amour''. Il ajoute alors,
- ' Retourne
à la maison et discute avec ta famille pour savoir lequel d'entre nous
vous voulez dans votre maison '.
La femme retourne
à la maison et rapporte à sa famille ce qui avait
été
dit.
- ' Comme c'est
étrange '! S'exclament les enfants.
- ' Puisque c'est
le cas, nous allons inviter Richesse'!
> > La
mère n'était pas d'accord.
- ' Pourquoi
n'inviterions- nous pas Succès? Votre père en aurait bien besoin
dans ses affaires...'
La plus petite, Raffie, qui suçait encore son pouce, s'exprime
à son tour :
- ' Veux mamours,
veux mamours.... '
Les parents
fondent devant tant de câlinerie enfantine et la mère sort inviter
'Amour' à entrer...
'Amour' se
lève et commence à marcher vers la maison.
Les deux autres se
lèvent aussi et le suivent.
Etonnée, la
femme demande à 'Richesse' et 'Succès':
- ' J'ai seulement
invité 'Amour'. Pourquoi venez-vous aussi?
Les vieillards lui
répondent ensemble :
- ' Si vous aviez
invité 'Richesse' ou 'Succès', les deux autres d'entre nous
seraient restés dehors, mais vous avez invité 'Amour' et partout
où il va, nous allons avec lui, puisque partout où il y a de l'Amour,il y a aussi de la Richesse et du Succès'
MON
SOUHAIT POUR TOI QUI ME LIT :
Où il y a
de la douleur, je te souhaite la paix,
Où il y a
le doute en toi, je te souhaite une confiance renouvelée
Où il y a
la fatigue ou l'épuisement, je te souhaite la compréhension, la
patience et la
force...
Où il y a
la crainte, je te souhaite l'amour et le courage.
MAINTENANT TU AS LE CHOIX :
1. Supprimer ce
message,
OU ...
2. Inviter l'amour
en partageant cette histoire avec tous ceux dont tu te soucies. J'espère
que tu choisiras le point 2.
C 'est ce que j'ai
fait pour toi, parce que pour que le bonheur existe, il faut le partager...
** LA VALEUR D'UNE
PERSONNE SE MESURE TOUJOURS AU BONHEUR QU'ELLE
DONNE AUX AUTRES
LE 31/12/2008
Adressez-moi
vos contes : je n’en ai plus ..
LE 30/06/2008
De Madame Mimi de
Castro – Toronto - Canada
Je remercie le pays
qui maintenant m’abrite,
En admirant sa
majestueuse grandeur,
Son peuple qui sans
fanfare m’accueille
Ses merveilleux
lacs, montagnes et océans
Que j’aime
aussi avec ferveur.
Mais il me manque
encore et toujours
Le désert,
le sable, la mer et le soleil
D’une autre
nation où je vis le jour
Et qui nourrit de souvenirs
mon âme,
Avec mille
histoires dont je connais la trame.
Sans même le
conjurer, je me souviens
Du brillant soleil
dans le ciel de mon passé,
Quand soufflait la
chanson dans la brise :
« Enfant
du Nil, tu resteras et vite reviens! »
J’y suis en
rêve, sans que mes pas m’y conduisent.
Les nuits chaudes,
odorantes de jasmin
Quand chaque mot
murmuré évoque
La douceur des
roses comme du satin,
Et me ramène
à la nostalgique époque
De mes premiers
amours enivrants.
Aujourd’hui,
derrière la vitre j’observe :
Dans le ciel
immense où gronde le tonnerre,
Comme un
présage de malheur et de colère.
Tant de nuages
gonflés de pluie
S’abattent
bien fort sur notre terre,
Et avec force
s’écrasent sur le lac qui luit.
De cent mille
vagues à crêtes d’argent
S’agitent les
eaux devant moi se mouvant,
Et les gouttelettes
se précipitent rapidement
Dans les flots de
glace, vitreux et troublants
Qui annoncent
l’arrivée de l’hiver et du froid!
(Mimi de Castro)
LE 30/04/2008
Un
conte de Mimi de Castro
La
première sensation de Farah, c’est l’eau, l’eau de
cette mer qui lui baigne les pieds de sa fraîcheur. Ensuite, c’est
la caresse du vent et les embruns qui lui laissent un goût salé
sur les lèvres. Depuis son
plus jeune âge, la mer, au bord de laquelle elle grandit s’imprime
sur elle comme une seconde peau. Le soleil qui la réchauffe,
l’inonde de sa lumière constante et des fois brûle dans sa
chair, au plus profond d’elle le tatouage, signe invisible qui la distingue
des autres. La chanson des
flots envahit son âme et la berce en lui murmurant d’innombrables
histoires qui lui tiennent compagnie à tout moment.
Poursuivant
la tradition de leur clan, Salma, sa mère l’accompagne dans la
grotte blanche, profonde et secrète où depuis des siècles
les femmes de leur famille ont coutume d’aller consulter les augures.
Salma elle-même n’a pas hérité de ce don mais
Mais
tout cela change lorsqu’un
jour où, par un hasard extraordinaire ou plutôt un miracle,
Farah se rend compte qu’après la transe, le souvenir de ses
visions ne disparaît pas de sa mémoire comme lorsqu’elle
était enfant. Consciente de l’importance que ce fait lui
révèle, elle garde le secret de sa connaissance bien enfoui dans son cœur. Farah comprend à
quel point elle est un instrument de pouvoir. Après maintes
réflexions elle décide de ne rien dire à sa mère
afin d’utiliser cet avantage pour combattre la tradition qui demande
qu’après l’âge de seize ans, on lui trouve mari.
Comme
une drogue de laquelle elle ne plus se
passer, Farah désire visiter la grotte plus souvent car sa soif de
savoir grandit. Elle voudrait poser elle, ses propres questions plutôt
que celles de son clan et sa famille. L’univers autour d’elle
n’est plus seulement les siens, mais très vite cela devient le
monde, la nature, la création et les êtres au-delà de sa
communauté. Farah ne peut refouler cette envie de vivre,
d’apprendre et de connaître tout ce qu’elle imagine ? Tout ce qui existe en dehors de son village. Cette
possibilité n’existe même pas pour elle. Tout cela lui est
défendu car en tant que femme le but de son existence c’est
La
coutume du clan exige une visite à la grotte des augures, une fois par
mois, à la pleine lune. Avec pompe et solennité, Salma
prépare Farah pour cet évènement. Tout d’abord elle
immerge le corps gracieux de sa fille dans un bain d’eau chaude
parfumée aux fleurs d’oranger. Ensuite, elle coiffe et tresse ses
longs cheveux noirs, brillants et épais qu’elle huile avec soin.
Salma s’assure de ramasser dans une boîte minuscule les ongles des
pieds et des mains qu’elle taille. Cette boîte sera plus tard minutieusement
enterrée avec les cheveux qui restent sur le peigne ou qui tombent
pendant la coiffure.
Un
voile blanc symbole de pureté
couvre la tête de Farah et s’enroule autour de son cou en
retombant sur ses épaules. Son visage d’un bel ovale, resplendit de
santé. Ses grands yeux noirs aux cils épais brillent de
curiosité et une lumière intérieure comme un rayon se
diffuse à travers de son regard qui cherche à tout apprendre et
tout saisir de ce qui l’entoure. Sa robe de velours noir lui tombe
jusqu’aux pieds nus car elle refuse de porter des souliers. Elle
répète à sa mère « Je vois mieux
comme ça ya ommi (ma
mère)!»
Aussitôt
prêtes, les deux sont escortées de Farid et d’Ashraf, deux
colosses, fils de Salma et de
Cheikh Osman le chef du village. Ce dernier est respecté de tous les
habitants, c’est leur chef spirituel, juge et gouvernant, dont la parole
est loi. Son pouvoir est immense et il domine cette petite communauté
nichée au pied de la montagne au bord de
A
l’entrée de la grotte, seule Salma a le droit de
pénétrer avec Farah, tandis que ses jeunes frères
s’installent sur les rochers qui l’encadrent afin de garder
l’accès. Ils sont résignés à une longue
attente dans l’obscurité de
Les
parois luisantes les entourent et l’humidité est intense.
C’est comme si elles entraient dans les entrailles de
Une
sensation de paix et de bien-être s’empare de Farah et son
cœur bat très fort. Sans hâte et avec grande anticipation
elle prend position en face de l’eau qui jaillit
tout autour d’elle. Sa respiration devient plus profonde, lente et
bruyante, car elle expire fortement du nez. Des frissons parcourent sa peau
sans qu’elle ne ressente un changement de température. Farah
dresse la tête et cambre ses hanches comme pour résister à
un assaut et ses pieds bien plantés sur la roche humide s’arc-boutent.
Elle lève lentement les bras
vers le ciel, les mains ouvertes avec les paumes faisant face à la mer
qu’elle baisse ensuite lentement tout en fixant les flots. Ses yeux
grands ouverts d’où s’écoulent de grosses larmes
s’élargissent encore plus. Salma s’approche de
derrière et se met en position de telle façon à intervenir
au cas où Farah perd l’équilibre. Les visions ne tardent
pas et suivant la nécessité les images se succèdent tandis
que Farah d’une voix monotone décrit ce qu’elle voit.
C’est à Salma de retenir ce qu’elle entend et de répéter
au Cheikh les visions. C’est lui qui pourra les expliquer aux gens du
village et utiliser l’information comme bon lui semble.
Farah
atteint ses seize ans et en remplissant ce devoir elle occupe une place
importante dans son village bien que cela soit seulement par le truchement de
son père. Elle sait qu’une fois mariée, elle ne pourra plus
continuer ses prédictions et cela sera sa fille à elle qui plus
tard prendra sa place. C’est la tradition, mais Farah, forte de
caractère et désirant rester indépendante ne se contente
pas de vouloir se conformer. Elle résiste aux leçons de sa
mère qui scandalisée par les idées de sa fille ne sait
plus comment y remédier. A force de prières et de
bénédictions elle cherche mille moyens pour protéger sa
fille de son orgueil grandissant mais rien n’y fait. Salma craint de
parler au Cheikh car lui ne se gênera certainement pas de punir sa fille
et de lui faire payer cher son incompréhensible révolte.
Les
nouvelles visions de Farah deviennent de plus en plus claires. Elle sent son
pouvoir grandir et son assurance augmenter. Elle connaît la valeur de ses
prédictions qui semblent rendre son père invincible. Les visions
précises qu’elle a ces derniers temps servent de plus en plus au
Cheikh à prendre des décisions cruciales qui touchent à la
survivance de son peuple. En même temps, Farah distingue le visage
d’un homme qui semble retourner souvent dans ses visions. C’est un
homme sans âge au beau visage noble et au regard doux et bienveillant. Chaque
fois qu’il apparaît dans une vision, une atmosphère
agréable et pacifique adoucit le reste des apparitions.
Farah
se garde bien de mentionner ce personnage à ses parents. Elle continue
à accomplir son devoir comme par le passé mais avec les jours qui
passent, elle se retrouve à évoquer l’image de
l’homme de plus en plus jusqu’au jour où elle ne peut plus
penser à autre chose. C’est alors qu’elle ressent le besoin
d’aller à la grotte plus souvent que les fois prescrites par
Le
Cheikh Osman, pour qui Farah est plus précieuse que la prunelle de ses
yeux, se voit réduit à l’évidence qu’il est
grand temps de
Aussitôt
informée, Farah désespérée fait appel à sa
mère pour intervenir auprès de son père afin de remettre
ce mariage qui l’angoisse. Rien n’y fait. La tradition et les
coutumes ne peuvent pas être bafouées. Les supplications de Farah
et ses larmes n’ont aucun effet sur son père qui, bien
qu’attristé, ne comprend pas
pourquoi sa fille se comporte de telle façon. Son cœur se durcit de
plus en plus en voyant sa fille lui résister sans raison logique.
Rageb, le jeune homme choisi
pour être le mari de Farah est un guerrier au regard sévère
et au visage dur. Sa famille, riche et noble possède de nombreux champs
et plusieurs commerces d’huile d’olives. Ils vivent dans une
demeure spacieuse entourée de jardins odorants et d’oliveraies aux
superbes arbres chargés de fruits. Farah le voit de temps à autre
lorsqu’il vient prendre conseil auprès de son père et
qu’elle aide sa mère dans la cour devant leur maison. Il pose sur
elle un regard froid qui éveille en elle une vague
d’anxiété et une tristesse qu’elle est incapable de
retenir.
L’heure
s’approche, c’est la dernière visite avant le mariage, Farah
se prépare à la cérémonie du mois. Sa mère
lentement comme à regrets la coiffe et huile ses cheveux. Sa main se
pose sur l’épaule de la jeune fille et s’attarde comme pour
éloigner le moment où elles devront toutes les deux se rendre
à
_ Je
t’attends. Viens ma fiancée, ma femme. Je t’attends
déjà depuis si longtemps….
Il
lui tend les bras et son visage rayonne de bonté et d’amour.
Affolée,
Farah sanglote et tombe presque dans l’eau mais sa mère
l’enlace et la serre dans ses bras. Salma essaye de la faire parler mais
en vain. Farah semble être inconsolable et incapable de prononcer un mot.
Inquiète, Salma entraîne Farah en dehors de la grotte où
attendent ses frères et ensemble ils la ramènent à la
maison.
Farah
dont l’esprit est préoccupé par la vision de cet homme qui
l’appelle est saisie d’une fièvre que le guérisseur
du village ne comprend pas. Aucun remède ne fait baisser cette
fièvre et le jour du mariage approche. Farah est inconsolable et pas un
mot ne lui sort de la bouche malgré toutes les prières de ses
parents attristés par son état. Les préparatifs pour le
mariage continuent et les plans de célébrations prennent forme.
Malgré tout, la future mariée est encore au lit incapable de se
lever.
Le
jour de son mariage, Farah blanche comme un linge, faible et malade se laisse
habiller sans réagir. Les jeunes filles qui viennent la vêtir,
chantent en lui posant le voile sur
Avec
difficulté, ses frères l’installent sur la belle selle de
cuir rouge et voilà que le Cheikh vêtu de blanc, sérieux et
solennel saisit la bride du cheval pour saluer sa fille avant qu’elle
n’aille rejoindre la famille de son futur mari. Tout d’un coup sans
raison apparente, le cheval se cabre, renverse le Cheikh dans la
poussière et part d’une flèche comme s’il est
aiguillonné. Farah se redresse, réagit brusquement et rapidement
elle prend les rênes en main. La brise qui s’engouffre dans son
voile lui découvre le visage et la voilà les cheveux au vent qui
chevauche comme une folle vers la mer.
Farah,
ivre de vitesse ne voit rien et n’entend rien excepté la mer
devant elle. Comme un aimant, la
falaise blanche qui se dresse dans l’eau l’attire. Elle dirige la
bête couverte de sueur vers la grotte et quand elle se trouve à
quelques pas, elle saute du cheval pour s’écraser sur les rochers.
Farah ne sent pas la douleur qui lui traverse la cuisse lorsqu’elle se
retrouve à terre. Elle se relève bien vite et sans un regard en
arrière haletant, le cœur battant à lui faire mal, elle
ignore les cavaliers qui s’approchent d’elle en trombe. Rassemblant
le peu de forces qui lui restent, Farah court sur les gigantesques roches
humides qui surplombent les flots écumants. A plus d’une reprise
ses pieds glissent et s’écorchent sur la pierre blanche qui la
marque.
Dans
l’eau qui avec fougue vient s’écraser sur
Aujourd’hui,
cent ans plus tard, ceux qui ont le courage de s’avancer sur la falaise,
par une nuit de pleine lune peuvent
entendre avec émerveillement les multiples soupirs de Farah
résonner entre ciel et mer. C’est le rendez-vous des amants
désespérés qui viennent tenter de trouver des solutions en
consultant l’âme de Farah. Je suis venue moi-même pour
écouter la voix de Farah et entre ciel et mer et c’est elle qui
m’a raconté son histoire.
LE 29/02/2008
Chers Amis,
Mon
«stock » de Contes est épuisé ; envoyez-moi
les vôtres.
LE 31/12/2007
Au lieu d’un Conte, voici la narration d’un délicieux
souvenir du Caire de Madame Mimi de
CASTRO.
(Mimi de Castro)
Je
ne suis plus jamais retournée au Caire depuis que nous l’avons
quitté en 1956, bien que j’y pense souvent. Pour une raison ou une autre ce pèlerinage vers le
passé ne fut jamais accomplit. Pourtant, je me
souviens très clairement de tous ces détails qui meublent la
mémoire de l’enfance et qui marquent la personnalité.
Comme pour beaucoup
de personnes dans mon cas, nous avons tendance à nous remémorer
les faits qui nous marquent le plus. Cela peut être des
évènements positifs ou au contraire négatifs. Mais dans
les deux cas, avec le recul du temps, je crois que ce que nous perdons c’est
la proportion ou la mesure, car physiquement ou mentalement nous n’avons
plus la même « taille » que lorsque nous
étions très jeunes. C’est à dire que dans notre
mémoire les choses et les personnes sont plus grandes plus impressionnantes!
Quand je pense
à notre rue,
Les immeubles se
pressaient les contre les autres, élégants, massifs et comptant
de nombreux étages. Les
larges trottoirs accommodaient des boutiques et des bureaux qui
Pendant le mandat
anglais, il y avait une
caserne militaire anglaise que nous
apercevions de notre balcon. On y voyait les soldats en uniformes qui
s’entraînaient et un grand va et vient de voitures et camions
militaires qui circulaient. La langue anglaise était monnaie courante
dans cette rue et quelquefois les soldats sympathisant avec les vendeurs
ambulants essayaient de dire quelques mots arabes avec un accent amusant.
Après la révolution, de 1952, cette caserne, symbole de l’occupation anglaise, fut détruite. A sa place un
immeuble moderne, blanc, assez haut fut érigé. Le style
architectural de cette bâtisse jurait avec le reste de la rue.
Sur le même
trottoir et presque collée à notre immeuble, se trouvait une
villa qui faisait le coin. En pierre rouge, cette bâtisse
présentait une façade décorée de
« Moucharabiehs » (grillages de bois sculptés couvrant
les fenêtres) et entourée de hauts murs sans ouvertures. Quelques
arbres dépassaient au-dessus de ces murs, faisant penser qu’un
jardin, une cour ou un patio entourait la maison principale. Il était
difficile de deviner ce qui se cachait derrière ces murs et cela
excitait notre curiosité d’enfants, en nous faisant toujours penser
à un mystère. Plus tard, au lycée, une jeune fille du nom
de Hoda qui habitait dans cette villa, devint ma
camarade de classe et j’eus le bonheur de pénétrer dans
cette maison mystérieuse!
Dans notre
immeuble, il y avait plusieurs enfants qui se rendaient à
l’école avec nous. Mes premières années
d’études se passèrent au Lycée français de Bab el Louk et ensuite je me
transférais à l’ « American College » de Sakakini.
Je me souviens comment tous les matins, un cortège
d’écoliers et d’écolières se dirigeait vers
l’école en même temps. Affublés de nos uniformes que
nous détestions et chargés de nos lourds cartables, nous nous
interpellions et les rires fusaient. Tout le monde parlait français, ce
qui je suis sûre n’existe plus au Caire aujourd’hui. Mais
c’est ce qui est normal, en fait, nous avons eu une enfance très
spéciale et différente!
Notre rue me
semblait un monde fantastique, car nous étions à proximité
de tous les lieux que nous fréquentions le plus; Groppi,
pâtisserie suisse où la glace et les gâteaux étaient
les meilleurs, offrait aussi un endroit de rencontre et de rendez-vous! Je me rappelle le cinéma
Métro où se jouaient les derniers films américains de la
période, l’Américaine, où l’on pouvait manger
de délicieux sandwichs, l’Automatique, salon de glace où
l’on trouvait la « dandorma »,
glace d’origine turque à la tire que j’adorais. Il ne faut
pas oublier le musée égyptien Mariette Pacha et le pont Kasr el Nil, sur le fleuve et tous les parcs et jardins
auxquels on pouvait accéder.
Le pont Kasr el Nil, était un de ces ponts en métal
qui se repliait pour laisser passer les barques ou bateaux à hauts mats.
C’était un spectacle que j’adorais observer.
Sur ce pont aussi il y avait les voitures « hantour » (fiacres) tirées par des chevaux
qui vous emmenaient faire une promenade le long du Nil ou vous accompagnaient
à la destination de votre choix. Le « a’arbagui »
(cocher) a toujours été un personnage amusant et typique de la
rue du Caire avec qui on entrait en discussion pour parlementer le prix de
Avant la
révolution, de notre balcon, nous pouvions voir les trois pyramides de Giza à l’horizon. C’était un
spectacle duquel je ne me fatiguais jamais. Les couchers de soleil
étaient incroyablement spectaculaires, mais la nuit tombait rapidement,
alors il fallait s’y prendre à temps pour se remplir les yeux de
cette inoubliable vue. Juste
à la fin du pont qui enjambait le Nil, quand on dépassait les
fameuses statues représentant les lions britanniques, se trouvait une
autre caserne militaire. Après la révolution, comme pour les
autres reliques anglaises, celle-ci aussi fut détruite. A sa place on
construisit l’hôtel Hilton qui dès lors bloqua notre vue des
pyramides.
Le progrès a
paraît-il son prix, dommage quand même.
LE 31/10/2007
Mimi de Castro
Un rossignol las de
voltiger et de butiner
Dans tous les
jardins de la fertile vallée,
Cherchait un endroit
où le plaisir de chanter
Lui rendrait le
bonheur qu’il avait égaré.
Ne sachant plus
où aller et vers quoi se diriger,
Il se
lançait désespéré dans toutes sortes de bosquets.
Frôlant
arbres et fruits, belles fleurs avec mille épines
Il perdait des plumes,
se balançant sur des lianes fines.
Comme à
chaque nuit son chant vibrant et magique,
Résonnait
dans le silence; émouvant et tragique.
Il chantait sa
solitude et son terrible isolement,
Son désir
d’amour et besoin de rapprochement.
Ce rossignol, petit,
gris, à ses yeux
insignifiant
Comparait son
plumage avec les autres chatoyants.
Il pensait que
jamais il ne serait aussi beau
Que tous ces nobles
et élégants oiseaux.
A bout de forces,
un soir, il aperçu
de loin,
Dans un riche
jardin, une cage dans un coin.
Epuisé, sans
le vouloir, dessus il échoua.
Se croyant
déjà mort, il soupira par trois fois.
Dans la cage aux
barreaux d’or, se languissait
Depuis longtemps
une ravissante princesse délaissée.
Solitaire et sans
espoir, à chaude larmes, elle pleurait.
Son maître,
cruel l’ayant par dépit enfermé.
Elle rêvait
d’avoir quelqu’un, une présence
Auprès
d’elle; un sauveteur qui aurait
A sa triste vie
finalement, donné un sens.
Voyant le pauvre et
chétif rossignol à ses pieds,
Elle le prit
tendrement dans ses douces mains.
A force caresse,
doux attouchements et baisers,
Le triste rossignol
repris connaissance enfin!
Ouvrant les yeux,
l’oiseau par Amira éblouit,
Ecoute ses
douces supplications et reprend vie.
Il retrouve
l’espoir en une compagne, une amie
Et de tout son
cœur, heureux lance un cri!
La chanson du
rossignol, séduisante, glorieuse
Tendre, grisante et
totalement harmonieuse,
Enchante la
princesse qui ne se sent plus de joie :
« Rossignol
mon ami! Chante encore pour moi! »
« Je
n’ai plus de soucis, et point de chagrin,
Tu m’as
redonné le bonheur et le goût de la vie!
Reste, ton long
périple n’était donc pas en vain
Puisque tu
m’as trouvé et ton chant m’a guérit. »
C’est ainsi,
que se termina enfin la détresse,
Finie la solitude d’Amira la jeune princesse.
Elle embrassa
tendrement le rossignol chantant
Qui se transforma
en vaillant prince charmant.
LE 31/08/2007
Je prie la personne qui
m’a envoyé ce beau Conte de vouloir bien m’excuser de ne pas citer son
nom : ne l’ayant pas noté à sa réception, je
suis confus de l’avoir oublié. Merci de me contacter afin de
réparer cet oubli.
Une femme se promène sur une plage
et bute sur une vieille lampe.
Elle se penche pour la prendre, la frotte
et paf ! un génie apparaît !
La femme, étonnée, lui
demande alors si elle pourra faire les trois vœux classiques ?
Non, répond le génie,
accorder trois vœux, en ces temps-ci, c’est très, très
difficile ; il y a l’inflation, le chômage qui
n’arrête pas de croître, les salaires minables, la situation
politique, les prix élevés du pétrole : donc, tout ce
que je pourrai concéder, ce sera un seul et unique Vœu. Alors, dis moi : que désires tu ?
La femme répond :
La paix au Moyen-Orient.
Quoi ? dit le génie, ébahi.
Tu vois cette carte, dit la femme, bon,
ben, je veux que dans ces Pays-là, les gens arrêtent de se taper
dessus à tout bout de champ.
Le génie regarde la carte et
dit :
Mais ça fait des lustres qu’il
y a la guerre là-bas. Je fais du bon boulot, mais quand même…Pas
au point de pouvoir exaucer ce genre de vœu. Demande moi quelque chose de
plus simple.
La femme réfléchit et
déclare :
D’accord ! Pour être
honnête, je n’ai jamais réussi à trouver
l’homme idéal. Alors je veux un homme qui soit beau, fort,
cultivé, intelligent, attentionné et drôle, qui aime
cuisiner et faire le ménage, qui soit une bête au lit, qui
s’entende avec ma famille, qui ne passe pas toute la journée
à regarder du sport à la télé et qui me soit
fidèle à vie.
Le génie laisse échapper un
profond soupir :
Allez, redonne-moi cette carte du Moyen
Orient…
LE 30/06/2007
Un jour mon prince viendra (suite et fin)
(Mimi de Castro)
Voir la
première partie de ce conte dans
….dans ma
mémoire ces images de Abla Tahia
à laquelle je n’avais jamais pensé durant toutes ces
années, je compris une chose très importante. Comment est-ce que
cela m’avait donc échappé toutes ces années, je ne
peux me l’expliquer. Un événement compliqué et
inoubliable prit place le jour où nous dûmes quitter le pays.
C’est un mystère auquel jusqu’à ce jour je
n’avais pensé. Je résolus que cette fois ça y est,
je trouverai
Je
quittais finalement le petit café pour me retrouver dans la ruelle
où je pensais avoir habitée. L’immeuble n’existait
plus. On avait dû l’abattre sans doute. Je ne reconnaissais rien
autour de moi et rien ne m’était familier. Tout me semblait minuscule et sale,
puant et en ruine. Je me dis que c’était une erreur, ça ne
devait pas être la bonne adresse, mais je ne pouvais abandonner ma
recherche. Je m’engageais encore plus loin, sans me soucier des regards
des passants qui devaient se demander ce que je faisais dans leur quartier.
C’est
à ce point que j’aboutis sur
_Mais non,
tous ces gens, ces étrangers n’habitent plus ici. Qui es-tu toi?
_J’ai
vécu dans cet immeuble il y a longtemps. Est-ce que
_Non, je
ne sais pas où sont partis tous ces gens…mais tu sais que tout
change n’est-ce pas ?
Je me
résignais à partir mais dans ma tête les images flottaient
et criaient pour être libérées. Je savais qu’une
chose tout à fait hors du commun s’était passée lors
du mon dernier jour dans l’immeuble. Ma séparation de Tahia avait été très dure mais je ne
me souvenais pas des détails. Finalement, je crois que le brouillard
lentement s’était levé pour me laisser entrevoir les
ultimes moments et leur dénouement.
J’avais
le cœur serré et j’essayais de me souvenir de ce fameux jour.
Ce jour qui fut la dernière
fois que je vis ma chère Tahia Hanem. Je pleurais en ramassant mes affaires et ma
mère me dit tendrement que je devais aller
Lorsque
en trombe, je fis irruption dans sa chambre à coucher, Tahia Hanem, somnolait assise,
entourée de ses coussins de soie et de satin rouges. Elle ouvrit les
yeux et me tendit les mains.
_C’est
bien toi ma chère! J’ai reconnu ton pas!
_Je
m’excuse, ya Abla (ma
tante).
_Viens
assieds-toi près de moi. Je crois qu’aujourd’hui mon prince
viendra.
Si tu le
vois, viens vite me le dire! Elle sourit malicieusement avec cette
étincelle dans les yeux.
_Je sais
que tu me taquines, lui dis-je en souriant parce que tu ne veux pas que je sois
triste de te quitter. Mais tu te trompes, je ne t’oublierais jamais ya abla!
_Non ma
belle, khalas,
c’est finit. Tu vas partir et m’oublier
mais c’est bien comme ça. Pour survivre on doit oublier,
c’est mieux ainsi.
Je ne savais plus
que dire et je l’embrassais sur le front avant de me lever. Je la
regardais longtemps du seuil de la porte en me jurant de ne jamais
l’oublier. Son petit visage encadré de boucles blanches, avec ses
yeux noirs fermés, si vivants d’habitude me faisait l’effet
d’une chambre dans laquelle on avait éteint
_Oui,
c’est ici au rez-de-chaussée, mais qui êtes-vous? Elle ne se
sent pas bien aujourd’hui.
_Je suis
un ami qui vient de loin pour la prendre en voyage avec moi. Répondit la
voix chaude de l’homme.
Il me
souriait et baissait la tête vers moi pour me parler. Il me paraissait
énorme, comme si sa tête touchait le ciel. Ses yeux couleur de
miel luisaient comme s’il avait des larmes prêtes à couler.
Je me sentais si calme et tranquille, comme rassurée par sa
présence et je n’avais pas envie qu’il parte. L’homme
restait là, sans se presser, et en le regardant encore, je sentais mes
larmes couler sans contrôle sur mes joues rouges et fiévreuses.
Soudain, la cicatrice sur son front brilla fort et je cru apercevoir la forme
d’une étoile. A travers mes larmes, je criais et riais de joie, je
me préparais à rebrousser chemin pour dire à Tahia Hanem que son prince
était finalement arrivé.
D’un
geste de la main, il m’arrêta. « Elle le
sait. ». Mais rien ne pouvait m’arrêter, je me retournais
pour me rendre chez Abla Tahia.
Je voulais à tout prix constater la joie sur son visage quand je lui
aurais annoncé l’arrivée de son prince. Je
m’exclamais « Abla Tahia, wessel el amir, El amir wessel
(le prince est arrivé)! ». A sa porte, le médecin qui
sortait me barra le chemin.
_Tahia Hanem doit se reposer,
personne ne peut entrer la voir maintenant!
_Mais il
s’agit de son prince, elle m’a demandé de le lui dire!
Répétais-je à bout de souffle!
Gentiment,
le médecin me fit reculer. Sur le palier où j’avais
laissé le prince de Abla Tahia
un instant auparavant, ma mère s’impatientait. Surprise, de ne pas
le voir, je m’affolais et je répétais à ma
mère qu’il fallait annoncer à Tahia
l’arrivée de son prince. En fronçant les sourcils, ma
mère me fit sortir vers le taxi qui nous attendait et m’installa
auprès de papa. Elle s’attarda à parler au médecin
avant de nous rejoindre dans le taxi. J’étais hors de moi et je
protestais en criant que ce n’était pas juste, Tahia
m’avait demandé de lui annoncer l’arrivée de son
prince et je ne l’avais pas fait.
Mes
parents usèrent de toute leur patience afin de me calmer. Ils
m’expliquèrent que je ne reverrais jamais plus
_Mais
c’est impossible! Je lui ai parlé et elle m’a dit
qu’elle attendait son prince! Tu ne me crois pas, personne ne comprend,
elle était là et me parlait…en plus j’ai vu le
prince, je l’ai vu …
_Il
n’y avait personne ma chérie, tu n’aurais pas pu lui
parler…elle dormait déjà…Soupirait ma mère en
me caressant les cheveux.
Voilà
qu’après quarante ans et toute une vie passée loin des
souvenirs de ma jeunesse que j’y retourne pour enfin trouver
Maintenant,
je sais aussi qu’il y a un prince qui viendra me chercher et je
n’ai pas peur, au contraire, rien qu’à l’idée
je me sens calme et sereine. Des années durant je m’étais
sentie coupé de mon enfance car je ne me souvenais de rien. En retrouvant ces souvenirs merveilleux
et le visage si doux de Abla Tahia,
je reprenais courage et espérance en l’avenir.
LE 30/04/2007
(Mimi de Castro)
Après
trente ans d’exil, je retourne en Egypte un
matin de printemps et je décide de faire un tour à pied dans les
vieux quartiers du Caire. En déambulant sans but, je vois une vieille
dame aux cheveux blancs assise sur une chaise au soleil sur le seuil d’un
vieil immeuble. Soudain, comme dans une vision m’apparaît une autre
vieille et ma mémoire s’inonde de lumière! Comment
s’appelait-elle donc, voyons, je l’adorais cette vieille dame.
C’est ça, une explosion d’émotion se fait en moi et
mon cœur bat si vite que je crois qu’il va éclater dans ma
poitrine! Abla Tahia, ma
tante Tahia!
Mes
jambes vacillent de l’émotion que je ressens et du regard je
cherche un banc où je
pourrais m’asseoir. Sur le trottoir en face de moi je repère un
petit café et je me dirige tant bien que mal vers une des tables au
soleil. Le garçon de café m’aborde avec un grand sourire et
me lorgne de haut en bas, pas beaucoup de femmes attablées ici et encore
moins des « étrangères » européennes
« Afrangi » comme j’en ai
l’air!
« Teshrabi eh ya
madame? » me demande-t-il en enlevant son crayon de derrière
son oreille pour prendre note. (Que prenez-vous
madame?)
Je passe
la commande en arabe, un café noir sans sucre. Le garçon ouvre
ses yeux, ébahit de m’entendre parler cette langue presque sans
accent. Il reste debout devant moi avec son crayon en l’air. Il
m’observe et ça m’agace. Quand je lui fais un geste de la
main pour qu’il s’en aille, il s’empresse de
disparaître derrière le bar à l’intérieur de
l’établissement. Restée seule, je me calme petit à
petit et mes souvenirs surfacent avec force.
Lorsque
j’étais toute jeune, nous habitions chez mes grands
parents pendant un court laps de temps. Dans un appartement spacieux et
très bien situé au quatrième et dernier étage
d’un ancien immeuble, mes grands parents y
vivaient aisément depuis de nombreuses années. Ils connaissaient
bien tous les habitants et entretenaient avec eux d’excellentes
relations. Peu de temps après, à cause de la situation politique
de l’affaire Suez, nous quittâmes l’Egypte
en même temps que des milliers d’autres juifs.
J’adorais
observer les gens et les côtoyer en bavardant. Je connaissais toutes
leurs histoires de famille et je posais sans cesse d’interminables
questions. Aram Terzian, arménien d’Arménie
comme il aimait à dire, vivait avec sa femme, ses cinq enfants et ses
parents sur le même palier que nous. Ils nous invitaient toujours
à Noël pour manger avec eux et aller à la messe de minuit.
Quant à la famille de Hatem el Masry, au
troisième, elle se
constituait du maître de céans, ses trois femmes et je ne sais
plus combien d’enfants. Je me demandais toujours si lui
même se souvenait du nom de toute sa progéniture. Ils
occupaient deux appartements qui communiquaient.
Je me
souviens bien de
Nous
étions les seuls juifs dans l’immeuble mais je n’ai jamais
ressentis de différence entre nous et les voisins. Pendant nos
fêtes respectives, on s’échangeait des confitures ou les
spécialités de
Au
rez-de-chaussée, il y avait un petit appartement avec un tout petit
jardin en arrière. Là vivait une femme seule, assez vieille
déjà quand j’arrivais sur
Tahia Hanem, passait des heures
à sa fenêtre en se penchant sur
Les
histoires qui circulaient à son sujet racontaient qu’elle pouvait
prédire l’avenir mais refusait de le faire. D’une voix
lugubre, la bonne de Mme El Masry numéro deux,
me cita une phrase que Tahia répétait
souvent à Nargess la bonne des Campagnolo. Nargess faisait tout
en courant, elle ne pouvait pas se tenir tranquille ou marcher d’un pas
mesuré. Tahia Hanem
lui demandait « Pourquoi tu cours? Ton train n’est pas encore
arrivé! ». L’année d’après
Un autre
incident dans ce genre se passa l’année de notre arrivée
chez mes grands parents. Tahia
Hanem reprochait maintes fois à Nabiha, la première femme de Hatem el Masry son maquillage osé et vulgaire. Elle lui
disait « La peinture sur le visage tue la
beauté! ». Quelques mois plus tard, on retrouva Nabiha morte dans la salle de bain. L’enquête
de la police détermina qu’il y avait des traces d’arsenic
dans le rouge à lèvre de Nabiha.
Pourtant, nul ne fut arrêté et l’on ne trouva pas de
coupable. Moi, j’étais sûre que c’était une des
autres femmes de Hatem. Mais personne ne demanda mon avis!
Cela ne faisait que confirmer dans mon
esprit que Tahia était un personnage
intéressant et terrifiant à
On
disait que Tahia Hanem
était la fille d’un riche pacha et de sa deuxième femme.
Elle me raconta un jour que la première femme de son père,
cruelle et jalouse de la deuxième qu’il adorait, hourda un vrai
complot pour se débarrasser de la jeune femme et de son enfant. Tahia Hanem se souvenait du
merveilleux palais dans lequel elle avait vécue jusqu’à
l’âge de sept ans, avant d’être chassée de
là avec sa mère! Le pacha incapable de les garder avec lui, les
installa dans ce petit appartement en pensant que le problème aurait
été résolu sous peu. Malheureusement, il mourut
soudainement et c’est comme cela que Tahia
resta avec sa mère dans ce logement indigne de leur « rang
social ».
Tahia Hanem racontait beaucoup
d’histoires qui me fascinaient et je passais autant de temps que possible
avec elle, même au détriment des amis de mon âge. Ma
mère me disait toujours qu’il fallait qu’elle
s’égosille maintes fois avant que je ne monte pour les repas ou
pour faire mes devoirs. La plupart des enfants se moquaient de Tahia Hanem à son insu,
car en principe, ils avaient tous peur d’elle. Souvent, je la trouvais
qui marmonnait sans cesse des mots et phrases incompréhensibles;
où retournait toujours « Un jour, il viendra, mon prince
viendra… ».
Quand je
la questionnais au sujet de ce « prince », elle me
répétait la même chose.
_ Ma
mère me l’a dit, elle ne m’a jamais mentit. Elle m’a
dit que mon prince viendrait un jour pour me prendre.
_Mais
qui est ton prince et d’où viendrait-il? Je la suppliais de me le
dire.
Elle ne me
répondait pas directement, mais elle me regardait avec ses yeux noirs et
profonds, avec une étincelle d’humour.
_ Il viendra ma fille, tu verras…Il
viendra.
_Comment
vais-je le reconnaître? Demandais-je curieuse.
_Pas
besoin, moi je le reconnaîtrai…
_Quels
sont les signes, dis-moi, quoi?
_Il aura
une étoile sur le front, ses yeux feront pleurer ceux qui le regardent,
il sera si grand de taille qu’il paraîtra un géant et son
sourire sera si chaud qu’il fera fondre la neige sur le mont Liban.
Les
jours passaient et je savais qu’un jour ou l’autre notre départ
serait venu à interrompre notre amitié. Je me tracassais souvent
à cette idée car je ne pouvais imaginer ma vie sans Tante Tahia, Abla Tahia.
Je craignais qu’elle m’oublie, mais elle disait que
c’était moi qui l’aurais oubliée. Je pensais toujours
à son prince et je voulais moi aussi le voir. Dans le quartier, mille et
une choses se passaient. Le mariage du fils des Terzian
fut royal, les célébrations de la naissance des jumeaux chez les
fils de Anwar Farid furent encore plus prodigieuses. Nous allions de
fêtes en fêtes et de célébrations en
célébrations jusqu’au jour où finalement mes parents
m’annoncèrent que nous partirions la semaine d’après.
Tristement
j’allais chez Tahia Hanem
pour lui donner la mauvaise nouvelle. Elle me caressa la main gentiment en me
parlant tout doucement.
_Je suis
contente pour toi car tu feras un long chemin. Tu iras loin d’ici et tu
m’oublieras. Ne sois pas triste. Inshaallah,
toi aussi tu verras ton prince. Il viendra pour toi. Ne t’en fais pas
pour moi…Il faut que tu m’oublies ensuite plus tard tu te
souviendras.
_Je ne
veux pas partir…et je ne vais jamais t’oublier. Je sanglotais sans
savoir pourquoi et mon cœur se serrait à mesure que le temps
passait.
_ Ne
pleure pas. Est-ce que tu me vois pleurer? Tout doit se dérouler comme
il est écrit « maktoub »
ma fille. C’est la destiné…
La destiné, oui, une chose à laquelle on se
réfère toujours au Moyen-Orient quand on ne comprend pas une
chose ou quand un événement nous dépasse par sa tristesse
ou son ampleur. La destiné donc voulu que je
grandisse dans un monde très différent de celui dans lequel
j’étais née. Nouvelles coutumes, nouvelles
expériences, la perte pénible de mes parents advenue trop
tôt et déceptions sans fin que me réserva
La
vérité est que sans raisons apparentes, je répète
apparentes, car qui sait dans le subconscient ce qui se passe! Je
résolus donc de retourner sous les cieux du pays qui me vit
naître. Au moment même, où je revoyais
(Suite
et fin dans
LE 31/03/2007
De Madame Mimi de Castro
Un groupe de
touristes accompagnés d’un drogman (un guide touristique)
s’attarde devant le Sphinx en bavardant et échangeant des
remarques sur leur visite au Caire. Leur séjour tire à sa fin et
chacun a une opinion sur le rôle du Sphinx.
_ C’est
certainement un symbole seulement!
_ Ou le gardien des
lieux pour faire peur aux malfaiteurs!
_ Mais non voyons,
quel gardien, au cas ou vous ne vous êtes pas
rendu compte, il est fait de pierre que peut-il donc garder?
Des rires fusent de
toutes parts.
C’est
à ce moment que le guide Abdel Kader demande le silence et exige avec
insistance d’avoir l’attention de tout le groupe.
«
Messieurs, dames, je dois vous rappeler qu’on ne peut pas parler de cette
façon devant le Sphinx. Le respect je vous en prie. »
Il
s’éclaire la voix et parle plus bas, forçant les touristes
à se rapprocher et tendre l’oreille.
« Il y a
des choses très étranges qui se passent ici. Faites attention,
j’ai eu des expériences incroyables que je pourrai vous raconter.
En plus, j’ai des témoins, je n’étais pas seul devant
le Sphinx. »
Soudain le ciel
s’obscurci, un vent semble se lever du désert, une
poussière fine, sèche et rougeâtre
s’élève dans l’air. Les touristes se regardent
surpris. Abdel Kader lève la tête, observe tout autour de lui et
note le grand changement du paysage. Il signale à tous de
s’accroupir dans le sable et d’une voix tremblante
annonce .
« Voilà
ça commence. Je vous avais dit de faire attention à ce que vous
dites ici! »
La nuit tombe tout
d’un coup et la voûte du ciel paraît pleine
d’étoiles clignotantes. Le groupe de touristes, pris de peur, se
serre autour du guide et s’installe à terre dans le sable qui
d’un coup est devenu froid.
C’est ainsi que le grand Sphinx de Giza s’adressa à ses
visiteurs d’une voix grave et caverneuse qui pénétrait
leur subconscient sans que l’on puisse l’entendre au loin.
« Saviez-vous
mes enfants que même dans le plus grand silence du désert on peut
entendre les échos du passé?
Saviez-vous aussi que
rien ne meurt? Les choses disparaissent visiblement mais continuent
d’exister dans un monde parallèle que seulement quelques
initiés peuvent rarement apercevoir. »
Tout autour
d’eux, les sables du désert semblent se mouvoir et respirent avec
un souffle régulier qui donne l’impression qu’une
présence indéfinie et invisible existe. Le ciel menaçant,
énorme, étoilé et lourd, s’élève
au-dessus d’eux et augmente cette atmosphère de mystère
grandiose et indéchiffrable.
Ils se regardent
avec de grands yeux, palpitants, émus et le cœur battant en
attendant que poursuive la voix sereine. Le visage impassible et immobile du
Sphinx est à peine perceptible et le reste de son corps de pierre repose
sur le sable froid de la nuit.
« Mes
enfants, vous qui ne vivez que depuis quelques années, vous n’avez
aucune idée de ce que c’est qu’être immortel,
témoin des millénaires et de voir l’histoire du monde se
dérouler à vos pieds. Vous ne connaissez point la douleur
d’assister aux guerres et aux batailles que se livrent les hommes sans
pouvoir y remédier. »
Un long soupir se
fait entendre et tous tremblent sans savoir vers quoi ces
révélations les mèneront. Le vent du désert se
rafraîchit et dans un grand frisson les fait trembler. Leurs rangs se
referment encore plus et ils se rassurent de la présence l’un de
l’autre.
La voix
reprend :
« Je
suis la voix qui sort des entrailles profondes et anciennes de l’Egypte. Je suis le gardien des pyramides et de ses
trésors. Je suis la mémoire et le souvenir, le cri et la
dernière chanson des anciens dieux. »
Le silence se
prolonge mais le souffle du désert continue à glacer les
visiteurs qui restent ensorcelés, fascinés et incapables de
bouger.
« J’ai
vu des mondes se créer, des monuments s’ériger, des hommes
naître et des héros mourir. J’ai été
témoin de la beauté et de la laideur humaine, de son génie
et de ses crimes. J’ai assisté impuissant aux guerres les plus
sanglantes, aux batailles les plus meurtrières mais aussi aux amours
inoubliables et aux amitiés les plus fidèles. »
Le silence plane
encore pour quelques secondes et ensuite la voix aussi basse qu’un
murmure dans le vent se fait à peine entendre :
« Vous
êtes les derniers mes enfants à percevoir ma voix. Je
n’apparaîtrai plus à personne dorénavant. La torture
de mon immobilité m’a usé et je ne désire plus rien
voir, car tout se répète. »
Encore un long
silence et le Sphinx, poursuit son discours pendant que les touristes
fascinés l’écoutent
sans broncher.
« Je
suis las de voir le génie humain déployé seulement
d’une façon négative à des fins meurtrières.
Je suis las d’entendre les cris, plaintes et lamentations des hommes et
des femmes qui souffrent. Je suis las de voir la cruauté envers les
enfants innocents se déferler sur le monde. »
Un vent de Khamsin
tout d’un coup frappe le groupe et une pluie de sable les fouette. Le
ciel s’embrase d’un feu orange traversé
d’éclairs aveuglants. Personne n’ose ouvrir les yeux ou
Abdel Kader avec de
grands gestes les rassemble autour de lui.
« Ne
vous avais-je pas dit qu’il fallait s’attendre à
tout? »
Un des hommes, se
met à rire comme un fou, suivit de quelques autres hésitants.
« Mes compliments! C’est très bien fait mon cher Abdel
Kader. On nous avait dit que vous étiez le meilleur des guides au Caire!
Je ne savais pas que vous étiez aussi capable de préparer une
scène digne d’Hollywood! »
Abdel Kader se
dresse de toute sa haute taille et jure de ses grands dieux que ce qui venait
de se passer était une manifestation du Sphinx, rien d’artificiel.
C’était apparemment le dernier message du Sphinx et
d’importance primordiale.
Mais la magie était déjà brisée et les
touristes en se regardant commençaient à avoir un sourire cynique
aux lèvres.
« Vous
pourrez penser ce qu’il vous plaira, mais croyez-moi ce n’est pas
« Vous pensez tous être
au-dessus de toutes ces manifestations. Vous croyez que nous les arabes, les
« indigènes » du Moyen-Orient comme vous nous
surnommez, nous sommes envoûtés par nos
superstitions! »
« Allez
ne vous fâchez pas Abdel Kader! » Interrompe l’homme.
Mais le guide
d’un geste majestueux pointe son index vers le ciel et continue sa
tirade : « Comme Allah m’est témoin, ceux qui
ne croient pas et qui rient du Sphinx ne se libéreront pas du souvenir
de sa voix! Ce n’est pas une magie que je suis capable de
conjurer! »
Abdel Kader se
dirige rapidement vers l’autobus qui attend non loin de là. En
silence les touristes montent et s’installent à leur place. Durant
tout le trajet jusqu’au Caire, personne ne parle. Aucune discussion ne
reprend. Ils sont tous malgré leur éducation européenne et
sophistiquée, impressionnés par la voix entendue. Ceux qui
finalement s’endorment bercés par les soubresauts du car, revivent
l’expérience. La voix du Sphinx s’empare totalement de leur esprit
et occupe leur mémoire.
LE 28/02/2007
CONTE HINDOU :
DIEU prit la rondeur de la lune et
l’ondulation du serpent, l’enlacement de la plante grimpante et le
tremblement du gazon, la sveltesse du roseau et la fraîcheur de la rose,
la légèreté de la feuille et le velouté de la pêche,
le tendre regard du chevreuil et l’inconstance de la brise, les pleurs du
nuage et la gaieté du rayon du soleil, la timidité du
lièvre et la vanité du paon, la douceur du duvet qui garnit la
gorge des moineaux et la dureté du diamant, le goût sucré du
miel et la cruauté du tigre, la froideur de la neige et la chaleur du
feu, le caquet du geai et le roucoulement de
Huit
jours après, l'Homme, penaud, vint trouver Dieu :
Seigneur, dit-il, la créature dont
tu m’as fait don empoisonne mon existence. Elle bavarde sans trêve,
elle se lamente pour rien, elle pleure et rit tout à la fois, elle est
inquiète, exigeante, tracassière, elle est toujours après
moi, elle ne me laisse pas une minute de repos…Je t’en prie,Seigneur, reprends-la car je ne puis vivre avec
elle ! Et Dieu, paternel, reprit
Mais
au bout de huit jours, l’Homme revint vers Dieu :
Seigneur, s’écria-t-il, ma vie
est bien solitaire depuis que je t’ai rendu cette créature. Elle
chantait en dansant devant moi. Et qu’elle suavité
d’expression quand elle me regardait sans tourner la tête, du coin
des yeux ! Elle jouait avec moi et il n’y a sur les arbres aucun
fruit qui soit aussi bon que ses caresses. Je t’en prie, rends-la moi je
ne peux vivre sans elle. Et Dieu lui rendit
Huit
jours s’écoulèrent encore et Dieu fronça les
sourcils en voyant l’Homme revenir avec
A
ces mots, Dieu se mit en colère. « Homme ! dit-il,
retourne dans ta hutte avec ta compagne
et apprends à
Ainsi
a commencé le monde, le jour où Dieu a condamné
l’Homme à ne pas pouvoir vivre sans
LE 31/01/2007
Un souvenir d’enfance de Mimi de Castro
Quand le réveil sonne, je saute du lit et je
réveille ma soeur Lina à grands
cris! Ça ne me ressemble guère car moi, j’aime dormir le matin et c’est
toute une affaire que de me faire sortir du lit. Mais aujourd’hui,
c’est un jour spécial,
c’est celui que nous attendions depuis l’été
dernier.
En effet, nous avions projetées avec ma
mère d’aller faire les achats avant les grandes vacances. La liste
était déjà toute faite : dessous, costumes de bain,
sandales et chapeaux. Pendant le petit déjeuner que avalons en vitesse,
Lina et moi revoyons encore une fois la liste d’achats.
Comme d’habitude, il fallait ranger notre
chambre car ma mère est inflexible à ce sujet. Mon frère Itzik, que les achats ennuient toujours, fait la moue et nous montre un visage morose. Quant
à Lina et moi, nous sommes
folles de joie, pleines d’enthousiasme et de surexcitation à
l’idée même de toutes les nouvelles choses que nous allions
étrenner.
Les courses se déroulent merveilleusement bien,
d’essayages à essayages, de magasins en magasins, discussions,
indécisions, décisions finales, et nous voilà prêtes
à partir en vacances avec tout un élégant et nouveau
trousseau. Nous sommes chargées de sac et de paquets que maman compte
chaque fois avant de quitter un magasin. Les dernières emplettes aux
grands magasins Hanneau, sont les costumes de bain.
Nous convoitions un modèle en particulier et il fallut attendre que la
vendeuse trouve nos tailles et les couleurs que nous avions choisies.
Finalement, la facture payée, les costumes
emballés et placés dans nos sacs, ma mère se
déclare satisfaite. C’est le tour alors de la récompense
attendue : une visite au petit Groppi. Il
s’agit d’un café en plein air où l’on sert des
glaces aux essences exotiques et délicieuses et d’excellents
gâteaux. En fait, Groppi est une
pâtisserie suisse de grand renom en Egypte. On
y trouve les chocolats les plus crémeux, les petits fours les plus fins
et les pâtisseries les plus délectables de tout le pays.
Nous arrivons donc au petit Groppi,
à distinguer du grand; car l’un possède un jardin
extérieur et l’on peut s’asseoir commander boissons et
friandises; tandis que dans l’autre on consomme debout dans le magasin
même, ou on emporte ce que l’on veut dans des boîtes. Notre
matinée d’achats se termine donc autour d’une table pleine
de bonnes choses que nous dévorons de grand appétit, comme des
chats dans un bol de crème.
Non loin de notre table, maman voit une amie à
elle avec ses enfants qu’elle invite à nous rejoindre et nous voici
entourés de camarades bruyants et de bonne humeur. Quelque temps, plus
tard, nous décidons enfin de rentrer et avec tous nos paquets
rassemblés, on s’entasse dans un taxi pour le retour à
Cherche que tu cherches, ils n’y sont pas! Ma
mère téléphone au magasin et on lui assure que nous
n’avons rien laissé. Ensuite chez Groppi,
la serveuse lui demande d’attendre pour qu’elle puisse aller
chercher au jardin. La réponse aussi est négative, comme celle de
l’amie de maman que nous appelons juste au cas où elle aurait pris
nos sacs par inadvertance.
Inutile de décrire la mine déconfite de
ma sœur et
_Oui, qu’est-ce qu’on fait? Ajoute ma
sœur.
_Ce qu’on fait? Répète ma
mère avec un regard très sérieux.
On va faire ce que le père de Goha a fait en 1930 lorsqu’on lui a volé les
chaussures à la porte de la mosquée.
Lina et moi regardons ma mère comme si elle
était devenue folle tout d’un coup et nous échangeons des
regards ahuris.
_Goha et ses chaussures? Je
demande en murmurant
_ Ecoutez bien, c’est
le père de Goha en 1930. Nous allons faire la
même chose que son père. Le visage énigmatique de ma
mère ne révèle rien d’autre.
Pourtant cela nous semble louche qu’elle nous
raconte cette histoire, ma mère a la manie des proverbes et des
citations. Il y a toujours anguille sous roche. Donc, je sais qu’elle
attend la question.
_ Et qu’a fait le père de Goha en 1930 lorsqu’on lui a volé ses
chaussures à la porte de la mosquée? je dis tout ça
d’un trait.
_Mais…vous
ne savez pas? Il est allé acheter une autre paire voyons!
Ajoute
maman en souriant.
Nous partons tous d’un fou rire. Les larmes nous
coulent des yeux et nous avons mal au ventre. Finalement nous avons compris ce
que maman voulait dire et soulagés nous retrouvons notre bonne humeur.
Mais mon frère, lui n’est pas trop content car il faut de nouveau
retourner au magasin et perdre un temps précieux.
C’est ainsi que ce jour-là nous avons
fait ce que le père de Goha avait fait!
LE 31/12/2006
De Madame Mimi de
CASTRO :
Ce soir là, rien ne présageait les
événements terrifiants, dramatiques et le dénouement qui
s’en suivit. L’histoire se passe dans un petit quartier pauvre du
Caire, oublié du reste du monde. Au café du coin, plusieurs
hommes, amis d’enfance, terminaient leur longue journée de travail
en se réunissant chaque soir pour fumer la «
chicha », la pipe à eau ou
« narghileh », et pour manger un bout ensemble.
Le
premier arrivé ce soir là était Fahmi qui travaillait dans un bureau non loin du
café. Parce qu’il était grand de taille et très
maigre, on l’appelait « douda », le ver de terre. Ensuite, ce fut
Ali et Sarwat, les jumeaux qui ne se quittaient
jamais (tizein fe lebass) et on les avait surnommés
« deux culs dans une culotte ». Ils se saluaient à grands cris et
s’assénaient de grosses claques dans le dos en s’attablant!
Mahmoud,
le garçon de café accourait en apportant du pain « baladi »,
du « foul médamesse »
(les fèves), des oignons
verts et des verres de thé noir qu’ils avaient l’habitude de
boire en quantité. Abou shanab, aux énormes moustaches qu’il caressait
avec de grands gestes majestueux, accompagné de Fouad « el amir », le prince,
finalement arrivèrent et rejoignirent leurs camarades. Les autres
clients étaient bien satisfaits de les voir s’attabler dans
un coin reculé du café où ils pouvaient faire autant de chahut
qu’ils voulaient!
C’était
donc, une soirée comme toutes les autres et tout de suite « douda » de sa voix fluette leur
annonça que Om Walid qui louait des chambres dans l’immeuble au
fond de la ruelle avait de gros problèmes. La bâtisse, ancienne et
mal entretenue, tombait en ruine et il y avait souvent des accidents
causés par des briques qui tombaient sur les passants ou les locataires.
Ces derniers n’avaient pas de choix, ayant peu d’argent à
leur disposition.
Les
familles souvent s’entassaient dans de minuscules chambres où il
n’y avait pas d’espace pour les enfants qui finissaient par sortir
jouer sur le trottoir. Parmi eux, il y en avait de bien bruyants et
désobéissants qui avaient cassé la vitre de
l’appartement des A’Alawi. Que fallait-il
faire avec ces parents qui ne pouvaient pas contrôler leurs enfants? Qui
allait payer les dégâts?
Et ainsi de suite. Abu shanab, la bouche
pleine, déclamait qu’il ne fallait plus faire des enfants, et
Fouad de son air princier essayait d’arrêter le flot de paroles
incompréhensibles qui sortaient de la bouche de son ami.
Au
milieu de tout ce vacarme, Ali et Sarwat en
s’éclaircissant la voix, demandèrent le silence aux autres.
C’est alors, qu’ils annoncèrent d’un même
souffle la mort soudaine de Mohamed Mokhtar, l’ingénieur que tout
le monde connaissait. Mokhtar passait pour être un homme de grand bien
puisqu’il habitait la grande maison du coin qui faisait face à
l’immeuble de Om Walid. Il travaillait dans un des ministères,
mais personne ne savait très bien ce qu’il y faisait vraiment.
Au
milieu du brouhaha que causa l’annonce des deux frères, Ali
respira profondément avant de continuer. Mokhtar,
expliqua-t-il, s’était
écroulé en sortant du bureau, terrassé par une attaque
cardiaque. Abou shanab s’écria tout de
suite que ce dernier méritait bien cette mort car disait-il
« kan maktoub »,
c’était écrit! Fouad jura que c’était la
foudre du ciel qui l’avait atteint car il avait désobéit
aux commandements de l’Islam.
Ils
étaient en effet tous au courant du drame qui s’était
joué dans la famille de Mokhtar. Après vingt ans de mariage et
sans raison apparente, Mohamed Mokhtar avait divorcé de Fatma, sa femme.
Il avait un soir crié par trois fois « enti
tale’e », suivant la coutume cela voulait dire « Je te
divorce ». Fatma, sans
le sou, alla se réfugier chez sa fille, nouvelle mariée à
la campagne « fel ariaf ».
Peu de
temps après, on vit une jeune femme arriver avec 3 enfants en bas
âge pour vivre avec Mokhtar. Au début, tout le voisinage se
demandait qui pouvait être cette femme qui semblait si jeune. Les cancans
allaient bon train et toutes sortes de rumeurs circulaient à ce sujet.
Le gardien de la maison de Mokhtar coupa court à toutes les rumeurs en
disant qu’il s’agissait de la femme de Mokhtar. On présuma
donc qu’il avait entretenue cette femme en secret pendant qu’il
était encore marié avec Fatma.
Quelques
mois plus tard, il refusa de voir sa fille et son fils qui, désiraient
lui rendre visite afin de comprendre ce qui s’était passé
entre lui et leur mère. Les habitants du quartier furieux par un tel
comportement colportaient toutes sortes de ragots et d’anecdotes à
son sujet. Il y avait de ceux qui prédisaient des malheurs à
venir à cause de la cruauté et de la négligence de Mokhtar
à pourvoir aux besoins de sa femme dont il avait divorcé sans
raisons apparentes. D’autres lui enviaient cette désinvolture et
ce mépris des conventions puisqu’il disposait de grosses sommes
d’argent qui lui permettait de s’affranchir!
Quoiqu’il
en soit, l’affaire Mokhtar faisait beaucoup parler les gens du quartier.
Et cela continuait jusqu’au moment où les narghilehs, furent
installées par Mahmoud devant les copains. Soudain, Om Walid fit
irruption dans le café. Elle tremblait visiblement et son énorme
poitrine frémissait d’émotion. Elle était à
bout de souffle comme si elle avait couru pour arriver. A grands cris
« ya dahwetti »
(quel malheur!) elle réclama l’attention de tous ceux qui
étaient au café. Elle se frappait le visage et on dût
l’asseoir sur une chaise et lui apporter un verre d’eau.
Om Walid
répétait « esma’ouni ya nass! »,
(écoutez-moi tout le monde). Finalement, quelqu’un lui donna un
mouchoir et elle s’épongea avec le visage et le cou. Avec
l’encouragement de la foule qui se pressait autour d’elle, Om Walid
raconta que le matin même, Fatma était venue la voir et lui avait
dit qu’elle était retournée prendre des effets personnels
laissés dans la maison de Mokhtar. Om Walid lui offrit un bon
café noir et Fatma semblait s’être résignée
à son sort. La nouvelle de la mort soudaine de Mokhtar advenue quelques
heures plus tard bouleversa Fatma, ce qui était compréhensible et
elle décida de rendre visite à la veuve.
Jusque là, Om
Walid encouragea Fatma et lui demanda de ne pas aller seule chez la veuve et
elle insista pour l’accompagner. Mais Fatma refusa avec entêtement,
disant que cela n’était pas nécessaire. Finalement, il fut
convenu que Fatma ferait la visite après lui avoir envoyé un mot
avec le petit Mahmoud qui faisait des courses pour les voisins.
Fatma
quitta Om Walid, qui tourmentée et assaillie par un fort pressentiment
de malheur l’attendait sur le balcon. Après un laps
d’attente, Om Walid commença à s’inquiéter
encore plus puisque Fatma ne revenait pas. Elle décida de descendre
elle-même pour voir ce qui retenait Fatma. En s’approchant de la
maison toute illuminée, elle entendit un hurlement horrible qui lui
glaça le sang. Elle n’hésita plus et courut vers la maison
sur le trottoir d’en face. Elle se mit à cogner comme une folle
sur la porte et s’aperçut finalement, que cette dernière
n’était pas verrouillée.
Om Walid
poussa donc la porte et entra dans le salon le cœur battant et le souffle
coupé. A ce moment comme si
elle revoyait la scène, elle s’écria « Ya rabbonah, la illaha illa allah »,
(Mon Dieu, il n’y a qu’un seul!). Les hommes s’affairaient
tous autour d’elle. « Mais parle donc Om Walid, dis-nous ce
que tu as vu! » répétait Ali et tous les autre lui
servaient d’écho. Om Walid but encore une gorgée
d’eau avant de continuer.
D’une
voix étranglée elle gloussa « daba
hethom ya nass » (elle les a égorgés).
Le sang couvrait tous les murs et les meubles. Ils étaient tous les
quatre par terre et elle, debout, contre le mur, elle tenait encore le
couteau! ». Om Walid fit mine de s’évanouir et on la
raviva en lui aspergeant de l’eau sur le visage. Les clients du
café, le patron et le garçon se regardaient ébahis, sans
paroles, surpassés par les événements.
Abu shanab, ne tenant plus sur place s’écria
finalement « Qui elle? Qui tenait le couteau? Et qui
était par terre? En ta i ya wele ya
(parle, femme!) ». En cœur tous ensemble, ils
répétèrent les paroles de Abu shanab.
Om Walid, se plaisant d’être au centre de
l’intérêt général dégusta
l’attention et ensuite continua son récit. « Qui vous
voulez que se soit? La femme lésée! La
seule qui avait tout sacrifié pour lui! Fatma! ». Dans le
silence qui s’en suivit, Fahmi
insista« Quoi Fatma? Qui
est morte? ». Il se
pencha vers Om Walid, prêt à la secouer!
Om Walid
enfin se rendant à l’évidence qu’il fallait terminer
le récit, leur raconta que Fatma avait tué la jeune femme et ses
enfants et quand la police arriva, elle ne put expliquer la raison de son
geste. Elle refusait de parler et on l’emmena au poste de police comme
une enfant sans résistance, sans qu’un son ne sorte de sa bouche.
Quand Om
Walid eut complété son récit, des petits groupes se
formèrent afin de continuer à discuter encore et tard dans la
nuit toutes les possibilités et les raisons qui mèneraient une
personne tout à fait normale à commettre un crime pareil. Certains
pensaient qu’à la mort de Mokhtar son argent aurait
été octroyé à la jeune veuve et ses enfants. Dans
ce cas-là, Fatma et ses enfants n’auraient rien
hérités, grande injustice hélas! C’était
peut-être une bonne raison pour le geste désespéré
de Fatma!
Jamais
dans l’histoire du quartier, une chose si sanglante et horrible ne s’était
déroulée. Ils étaient tous choqués et
épouvantés en se rendant compte que cet abominable crime avait
été commis par une femme, une des leurs, pareille aux autres
personnes normales du quartier. Dans quel état de désespoir et de
haine, avait donc été
réduite Fatma pour en arriver là?
Ali
pensif avança la possibilité que Fatma sans le savoir
était le bras de Dieu, ce bras qui punit ceux qui ne marchent pas dans
le droit chemin. Mais ce fut Sarwat qui résuma
les événements de cette façon, « Quand on ne
respecte pas les commandements et que l’on mène sa vie en marge de
ceux-ci, on est certainement puni. Mokhtar a viré du chemin et tout le
monde a payé pour ça. C’était pourtant
écrit sur son front et il ne l’a pas vu ! Et ce d’après
la fameuse sentence : « El maktoub aal guébine, lazem téchoufou el eein » dont la traduction
littérale est :
« ce qui est écrit sur le front, il faut que l'oeil le voit » et dont la signification est
celle-ci :ce qui
est décidé par le sort, doit se réaliser.
LE 25/11/2006
(El beit el ahhmar)
Mimi DE CASTRO
C’était une maison mystérieuse,
entourée de hauts murs qui l’enveloppaient de tous
côtés. Construite de briques rouges, elle donnait une impression
de solidité et de sévérité
qu’atténuaient les deux « moucharabiehs »,
fenêtres de bois sculptées qui comme des paravents couvraient les
balcons afin que les femmes voient l’extérieur sans être
vues.
On voyait peu de personnes qui entraient et sortaient
de la maison et celles-ci seulement de nuit. Souvent, lorsque soufflait le
« khamsin » vent du désert, des sons
étranges comme des gémissements de femmes se faisaient entendre.
Quelques fois, on entendait des coups sourds comme si quelqu’un cognait
contre les parois de la moucharabieh du deuxième étage.
Si quelque passant étranger au quartier,
s’arrêtait par hasard près de la porte cochère de
bois massif, un gardien énorme, enturbanné et en caftan blanc
sortait pour renvoyer l’infortuné en le menaçant que
s’il avait le malheur de retourner, il lui couperait les pieds (ne’etaa reglak). Il
refermait la porte en jurant par Allah, qu’il aurait ajouté son
corps aux autres qui avaient eu la malchance de venir importuner les
maîtres de céans.
Des années durant, cette maison avait
inspiré plusieurs histoires dignes des mille et une nuits. On parlait
d’une femme gardée prisonnière par un mari jaloux. On
faisait allusion à la fille d’un riche pacha qui n’avait pas
obéit à son père et qui était emprisonnée
contre son gré. Il y avait une autre version encore plus farfelue, celle
de notre voisine du rez- de- chaussée Shafika. Elle prétendait que c’était la
demeure de Barbe bleue et que dans chaque chambre, il conservait le corps d’une de
ses femmes victimes. « El gazzar »,
le boucher de
L’avocat Bassiouni,
lui, disait que cette maison abritait plutôt quelque bande de malfaiteurs
qui faisaient de
Chaque quelque temps une nouvelle version apparaissait
pour s’ajouter et grossir encore plus ce mystère. Une des plus vieilles versions, et
la plus romantique était sans aucun doute celle de Magdi
Haneim. Elle avait une excellente réputation
et son mari Magdi Abou el Zayat,
grand commerçant en huile d’olives passait pour un richard dans le
quartier. Ils habitaient le dernier étage d’un immeuble de luxe au
début de
Magdi Haneim surprit donc tout le
monde lorsqu’elle dévoila qu’elle avait connu les
propriétaires de la maison rouge. En effet, elle était la plus
ancienne habitante du quartier et lorsqu’elle arriva, nouvelle
mariée, pour vivre dans son
appartement, la maison rouge était en vente. Magdi
Haneim, visita la maison en pensant l’acheter
pour y vivre mais son époux tomba malade à cette période
et mourut peu de temps plus tard. Ses plans d’achats furent donc
complètement changés et elle resta dans son appartement où
elle résidait encore.
Quand Magdi Haneim visita la maison qu’elle insistait à
nommer « el villa » la villa, elle fut
impressionnée par sa grandeur et la beauté de son architecture
que l’on ne soupçonnait pas de l’extérieur. Les
pièces étaient spacieuses, bien aérées et
décorées avec goût. Dans le jardin, des fontaines avec de
belles sculptures représentant des animaux et des plantes étaient
placées parmi les fleurs et les arbres fruitiers. En somme,
c’était un petit palais à l’orientale, un bijou de
bon goût et de confort.
Pendant la négociation pour
l’éventuel achat de la villa, Magdi Haneim eut la chance de rencontrer le pacha à qui
appartenait la maison, Fawzi ezel
Din, un homme respectable et très riche qui
fit construire cette demeure pour sa femme Nazli. Par
malheur, en venant de Turquie le bateau, sur lequel elle voyageait fit naufrage
et elle disparut dans
La version de Magdi Haneim se résumait donc de cette façon. Ayant
subit ce malheur, Fawzi
Pacha, refusa de continuer à vivre sans sa femme qu’il adorait.
Désespéré, il se tira une balle dans la tête mais ne
réussit pas son suicide. Il vécu
quelques années en reclus dans la villa, à moitié fou de douleur et d’amour.
Magdi Haneim pensait que Fawzi pacha survit quelques vingt ans à la disparition de sa bien
aimée. Ces années furent pleines de souffrances et de
regrets. Elle était certaine que lorsqu’il mourut finalement, le
fantôme ou l’esprit du mort n’ayant pas connu la paix et
regrettant son acte, venait encore aujourd’hui hanter les lieux.
Magdi Haneim était une
habile conteuse et quand elle arrivait au bout de son récit, elle
soupirait en levant les bras. Elle ajoutait à mi-voix « la kouwati illa b’illah »
(il n’y a de pouvoir que celui de Dieu)! Son audience aussi soupirait
après elle. Les femmes essuyaient une larme en cachette et les hommes se
regardaient en hochant la tête, comme pour dire « En effet, on
ne doit pas décider de sa vie, c’est seul le Dieu tout puissant
qui le peut ».
Cette maison existe toujours. Si vous désirez
la voir, ce n’est qu’à un pas de chez vous. C’est tout
près, on l’appelle encore El Beit El Ahmar, elle se dresse au
milieu d’un quartier presque en ruines maintenant. On ne sait pas trop
qui paie pour l’entretient de cette maison, mais elle est là,
solide, mystérieuse et inhabitée. Ne l’avez-vous pas vue
lors de votre dernière promenade dans cette rue?
LE 28/10/2006
Un conte des mille et une nuit
(Mimi de Castro)
On
raconte cette étrange et fabuleuse histoire qui dépeint le Sultan
Mahmoud qui, il y a bien longtemps régnait en Egypte,
sur le royaume du Nil.
Pour une
raison inconnue de tous, le Sultan
avait perdu le goût de vivre. Il était affligé d’une
mélancolie indescriptible qui le rendait apathique et incapable
d’agir. Pourtant le Sultan était beau et bien fait, son pouvoir
s’étendait sur tout le royaume. Il possédait de vastes
richesses et de nombreux palais. Ses amis lui étaient fidèles et
ses serviteurs subvenaient à tous ses besoins. Il avait de nombreuses
épouses et concubines. Malgré cela, Mahmoud désirait la
mort au-dessus de tout.
Un beau
jour arriva aux portes du palais un saint et sage vieillard courbé par
les ans, d’une minceur squelettique. Mais dont les yeux flambaient
d’une flamme qui pouvait discerner l’hypocrisie et
La
chambre dans laquelle le Sultan était affalé, contenait quatre
grandes fenêtres donnant chacune vers une différente direction et
encadrant divers paysages. Bien que la vue fût d’une majestueuse
beauté, Mahmoud était incapable d’en jouir. Le saint sage
sans formules polies ou salamalecs s’adressa directement au Sultan :
« Que la
paix soit avec toi, Sultan Mahmoud. Je suis venu pour te faire ouvrir les yeux,
pour éveiller ton esprit et te rendre conscient de tous les dons
qu’Allah t’a donnés et que tu risques de
perdre. »
Sans
cérémonie, le vieux sage empoigna le bras du Sultan et lui
ordonna de regarder de l’une des quatre fenêtres. Le jeune roi
s’exécuta et vit avec horreur qu’une nombreuse armée
de féroces soldats se précipitait sur les murs de sa propre
citadelle, en agitant leurs épées dégainées.
Les soldats criaient la mort du Sultan et dans ce violent vacarme, Mahmoud
aperçu ses hommes de confiance à la tête de cette
armée. L’horrible vérité lui sauta aux yeux et il
comprit qu’il risquait de perdre son royaume. Il
s’écria « Allah sait tout, c’est
l’heure de ma perte! »
Le
saint homme calmement ferma la fenêtre et ensuite l’ouvrit à
nouveau. Le jeune Sultan regarda et ne vit rien de la vision
précédente. Tout était tranquille, une belle
journée ensoleillée s’offrit à ses yeux
ébahis. Avec autorité, le vieillard lui ordonna d’ouvrir la
seconde fenêtre « Regarde, tu verras ce que tu dois voir. »
lui dit-il. Le Sultan regarda et recula avec terreur en voyant sa belle
citée du Caire, tel un énorme brasier, saccagée,
pillée et le feu qui s’avançait vers lui! Mahmoud
s’écria terrassé « Allah est grand! Demain
la plus belle ville du monde disparaîtra avec tous ceux qui y vivent et
il n’en restera aucun souvenir. »
A
nouveau, le saint et sage homme, referma la fenêtre et cet horrible
spectacle s’effaça. Le Caire s’étalait devant le
Sultan avec ses beaux parcs et ses riches bâtisses. Sans lui laisser le
temps de penser, le sage ouvrit la troisième fenêtre qui donnait sur
le Nil. C’est là, que le Sultan atterré, vit que le fleuve
dont les eaux abondantes et sans contrôle avait déjà
inondé les champs et les villes d’Egypte,
avançait en grondant vers le palais. Quand le vieillard ferma la
fenêtre, cette fois-ci aussi tout disparu et Mahmoud reconnu la
beauté des flots du majestueux Nil. La dernière fenêtre
dévoila un spectacle désolant qui montrait des arbres fruitiers,
des plantes, et des oiseaux qui petit à petit se consumaient sous un
soleil ardant et une épouvantable chaleur qui dévorait tout sur
son passage.
Le
Sultan comme un fou, égaré, haletant ne savait plus si
c’était un cauchemar, un rêve ou un sort qu’on lui
avait jeté. Avant
qu’il ne puisse parler le saint homme lui ordonna de se pencher vers une
fontaine qui se trouvait dans
C’est
ainsi qu’il finit par se retrouver à travailler pour manger. Ces
hommes s’emparèrent de ses riches vêtements et voilà
qu’on lui fit porter de lourds colis. Il se transforme en âne et il
est battu sans pitié. Les gamins se moquèrent de lui et le
frappèrent sans répit. La seule nourriture qu’il obtient,
fut des fèves pourries. Pendant cinq ans il survécu à ce
régime et puis il regagna sa forme humaine quand les chaînes qui
l’attachaient se brisent. Le Sultan se retrouva dans une ville inconnue
et il rencontra un marchand qui lui donna l’hospitalité.
En
l’accueillant, le marchand lui fit part des coutumes de ce pays
auxquelles étaient soumis les étrangers. Quiconque refuse à obéir, la mort
certainement les attend. Le marchand lui expliqua qu’il lui faudra aller
à la porte du hammam et attendre du
côté de la sortie des femmes. A chaque femme qui sortira, Mahmoud
devra lui adresser la même question sans omettre aucune femme. La
question est simple,
« Es-tu célibataire ou mariée? ». Si
l’une d’elle répond qu’elle est célibataire, il
doit l’épouser sur le champ. Mahmoud n’est pas trop content
de cette situation mais il se dit que s’il pourra obtenir à manger
autre chose que des fèves pourries ça vaudra la peine.
La
première femme qui apparaît jeune et belle se dit déjà
mariée, la suivante est de proportions énormes. Malgré sa
crainte, Mahmoud lui pose la question à laquelle cette dernière
s’empresse d’annoncer qu’elle était déjà
promise. Finalement une troisième femme, vieille, laide presque
monstrueuse sortit du hammam. Malgré la
répugnance qu’il éprouva, Mahmoud tremblant lui posa la
fameuse question. Elle s’approcha de lui pour l’embrasser en lui
disant qu’elle était libre de toutes entraves. Elle se hâte
de lui couvrir le visage de baisers. Excédé,
dégoûté, plein de désespoir, le jeune Sultan recula
avec force. Ce faisant, il se dégagea et le voilà dans son
palais, entouré de ses vizirs, ministres, et le saint sage à ses
côtés. La réalité? Il comprend que
l’expérience qu’il venait de vivre n’avait durée que quelques minutes et que finalement il
était bel et bien le Sultan, jeune beau, riche et bien entouré.
Le
vieux sage parla « Sultan Mahmoud, je fus envoyé par les
autres sages du monde pour te montrer à quel point tu as
été béni par Allah et pour t’indiquer tout ce que tu
risques de perdre! »
Le sage disparu
soudain personne ne sut comment. Mahmoud tomba à genoux en le remerciant
maintes fois. Il comprit qu’à cause de sa négligence, ces
visions auraient pu être vraies et sa mélancolie
s’évapora. Son cœur heureux voulu rendre les autres contents
aussi. Il prit conscience de tous les dons qu’il possédait.
C’est ainsi que se termine l’histoire de Mahmoud et de sa double
vie : celle qui fut et celle qui aurait pu être, mais qui grâce
à Allah ne le fut pas!
LE 28/09/2006
Conte
égyptien que m’avait raconté ma dada
Mimi de Castro
Il y a bien longtemps, on raconte l’histoire,
Si vous voulez bien la croire,
De deux marchands de soie
Qui d’Allah suivaient la loi.
Ils vivaient dans la même ville,
Voisins, ils vendaient la soie en piles.
L’un des deux, Tarek, pauvre et misérable
Habitait un triste taudis minable.
A peine mangeait-il à sa faim,
Ses enfants nourris seulement au pain;
Couverts de haillons, la peau sur les os
Ne buvant comme boisson que de l’eau.
Non loin de là, Kassem, l’autre marchand
de soie
Se prélassait dans le plus grand luxe, ma foi.
Il s’entourait de délices de toutes
sortes,
De rares fruits, de boissons fortes,
Possédant de précieux joyaux, des
soieries,
De belles tentures et de riches pierreries.
Le marchand pauvre, triste et morose
Se demandait toujours la même chose :
« Dieu qui nous a créé
marchands de soie,
Pourquoi n’appliques-tu pas la même loi?
Pourquoi dois-je tant souffrir moi
Quand d’autres vivent comme des
rois? »
Tous les matins ouvrant sa boutique,
Tarek observait d’un œil critique
Le quartier endormi qui se réveille
Sous la caresse du chaud soleil.
Est-ce que la fortune finalement lui sourira?
Est-ce qu’enfin à sa porte elle frappera?
Un vieux Cheikh ce matin-là
S’approcha de Tarek et voilà
Que d’une voix faible il supplie :
« Je suis épuisé, mon
frère, je t’en prie
Aide-moi, j’ai grand’ faim,
Mets quelque chose dans ma main! »
Le marchand sans hésiter, partage avec le vieux
Le peu qu’il possède sur les lieux.
Il l’abrite sous son pauvre toit
Et fait tout comme il se doit.
Il lui offre la place d’honneur à sa
table
L’abreuvant d’eau claire et potable.
Le vieux Cheikh, heureux et reconnaissant,
Livre à son hôte d’un air
bienveillant
Le secret qui devrait en une nuit,
A jamais transformer de Tarek la vie.
Il lui dit « Va dans la forêt
mon fils. »
Creuse la terre et sous une pierre lisse,
Tu trouveras un beau coffret de bois.
Il contient une fortune digne d’un roi.
Ouvre-le avant la pointe du jour
Et tu seras riche, riche pour toujours! »
« Quoi? Pour moi? Un vrai trésor?
Finalement la fortune, j’aurai de
l’or! »
Le Cheikh rappelle au brave homme :
« Avant le jour, sinon en somme
Tout sera perdu, tout sera finit,
L’or disparaîtra et tu seras
puni. »
Le marchand en hâte se met en route
Pensant réussir coûte que coûte.
Creuse que tu creuses et le temps passe.
Tarek suant, tremble et s’essuie la face.
Malgré tous ses efforts, son dur labeur
Le dos cassé, épuisé après
des heures,
Il voit que sans succès la nuit avance.
Finalement le ciel s’éclaircit, le jour
se lance.
Soudain, avec le premier rayon qui sort,
Le marchand fébrilement dégagea le
coffre-fort.
Le cœur battant, plein d’espoir et la
tête en feu,
Imaginant le merveilleux trésor sous ses yeux
Tarek vit dans le coffre béant ouvert
Rien qu’un petit monticule de poussière!
Il s’écroula en larmes,
désolé se tirant les cheveux.
Il retourna en courant vers la ville voir le vieux.
Tarek s’agitait « Mes efforts furent
en vain!
Dans le coffre mon Cheikh, il n’y avait
rien! »
Et de sa voix chevrotante disait le vieillard :
« Je suis bien tranquille pour ma
part. »
Soupirant il ajouta « Avant le jour,
Ouvrir le coffre pour être riche
toujours! »
Le marchand comme un fou, obsédé,
Pleurait, se frappait balbutiait :
« Tous mes efforts étaient en vain
Dans le coffre il n’y avait rien! »
Le vieux Cheikh, se leva en tremblant,
Pris de pitié, s’éloigna
d’un pas pesant.
Il se dirigea dans le marché bruyant
Vers la boutique de l’autre marchand.
Il laissa Tarek las, abattu par le désespoir
L’âme écrasée et le regard
noir.
Pour Kassem, les affaires étaient bonnes ce
matin.
Le marchand de soie se frottait les mains.
Satisfait, il devenait de plus en plus riche.
Honnête et droit cet homme jamais ne triche.
On le nommait le marchand aimable
Dont les manières étaient toujours
affables.
A ce moment il vit le vieux Cheikh essoufflé
S’approchant sur une grosse cane appuyé.
D’une voix faible, le vieux supplie :
« Je suis épuisé mon
frère, je t’en prie
Aide-moi, j’ai grand’ faim
Mets quelque chose dans ma main. »
Kassem, de grand cœur le Cheikh invite.
Il le fait entrer chez lui tout de suite.
Sans se soucier de son aspect abjecte,
Lui fait mille saluts et le respecte.
Il le couvre de chatoyants habits
Et l’installe sur de précieux tapis.
Kassem offre au Cheikh sa propre demeure,
Avec des serviteurs pour chaque heure.
Il le comble de délicates friandises,
De sucreries et de maintes petites surprises.
Les jours passent tranquilles et le vieux
Retrouve la santé et se sent mieux.
Un jour, ayant finalement repris ses forces
Le vieux Cheikh dresse son maigre torse
« Merci mon frère, tu as pris bien
soin de moi.
Tu as suivi le bon chemin de la loi. »
Il lui fait part de son lieu secret
Où, un trésor gît bien
enterré.
Le marchand répond plein de joie
« Quelle bénédiction! Un
trésor de roi?
Tant que ça pour n’avoir fait que mon
devoir?
Vous êtes en santé, je suis heureux de le
voir.
Permettez mon Cheikh s’il vous plaît
De partager avec mes amis ce lourd
secret. »
Le vieux Cheikh en silence, accepte,
Touché
par la générosité de son adepte.
Le marchand organise alors un cortège
animé
Dans la nuit tous munis de torches allumées.
Les voilà, à coups de pioches, à
coup de pelles
Les amis, camarades joyeux qui s’interpellent.
On découvre enfin le coffret si fameux
Et tout le monde lance des cris heureux!
Le marchand a grands gestes réclame
Le silence complet et ensuite déclame :
« Voilà entre nos mains le coffret
de bois
Qui contient dit-on une fortune digne d’un
roi. »
« Je promets à chacun de vous sa
juste part
Il faut le faire avant qu’il ne soit trop tard!
Mes frères, je ne suis que trop heureux
De donner sans accidents fâcheux,
Ce que
Célébrez mes frères la victoire
de l’amitié! »
A l’aube avant le lever du soleil,
Le trésor fut partagé et au
réveil,
Dans la ville en fête, cette histoire
Faisait le tour du marché et de la foire.
Le pauvre Tarek en l’entendant
Alla chercher le vieux mendiant.
Les yeux hagards, le regard trouble
Il se plia presque en double :
« Mon Cheikh, pourquoi lui et pas moi?
Il était déjà riche et je
n’ai rien moi. »
L’homme tremblait de douleur et de rage.
Il s’assit par terre sans courage.
Le vieillard le regarda en hochant la tête.
Il réplique au marchand et à sa
quête :
Si tu avais mon frère pour un moment,
Pensé ne fusse qu’un infime instant
A partager
ta chance avec un autre homme,
Tu aurais à cette heure une belle somme.
LE 25/08/2006
C’était à
l’époque des Califes, dans un certain pays du Moyen-Orient.
Un petit commerçant du Bazar était rongé
par l’inquiétude et l’indécision: par suite de
certaines circonstances, il se trouvait obligé d’entreprendre un
long voyage, à traverser les mers, ce qui lui ferait courir des dangers
et prendre des risques importants. Mais ce n’était pas là
la seule raison de son inquiétude. Au cours des années,
grâce à son labeur et à de dures privations, il avait
réussi à amasser une petite fortune en pièces d’or
et en pierres précieuses. Il aurait été fort risqué
de l’emporter avec lui et, en ce temps là,
il n’existait ni banques ni établissements financiers où il
aurait pu
Il se souvint alors d’un cousin
éloigné du Calife qui avait la réputation
d’être un homme de grande piété. D’après
ce que l’on racontait, il avait même fait coudre à ses
babouches des petits grelots afin que, lorsqu’il marche, les insectes
soient prévenus de son
approche et puissent fuir, évitant ainsi d’être
écrasés ! N’est-ce pas là un signe d’une
grande bonté d’âme ? Il résolut de confier sa
fortune à ce saint homme.
Quelques jours avant son départ, il
lui demanda audience et fut reçu aussitôt. Il lui expliqua ce dont
il s’agissait et son hôte accepta de lui garder son bien
jusqu’à son retour. Mais, lui dit-il, je ne veux ni voir ni
toucher ce qui ne m’appartient pas. Tenez, voici la clef de mon
coffre ; allez y placer vous-même le dépôt que vous
désirez me confier. Le marchand admira l’extrême honnêteté
du saint homme et, tirant de sa gandoura un mouchoir noué où il
avait placé sa fortune, il prit la clef, ouvrit le coffre, y
déposa le mouchoir et rendit la clef à son propriétaire.
Après quoi, il se retira non sans avoir remercié mille fois son bienfaiteur.
Le temps passa. Beaucoup de temps mais,
finalement, cet homme revint chez lui. Après quelques jours de repos, il
se représenta chez le saint homme pour rentrer en possession de son
bien. Celui-ci le reçu fort courtoisement mais ne porta pas question du
dépôt. Prenant son courage à deux mains, le marchand lui
dit :
- Monseigneur, je voudrais
récupérer mon bien.
- Quel bien ?
- Celui que j’ai déposé
moi-même dans votre coffre !
- Vous avez déposé quelque
chose dans mon coffre ? Mais vous êtes fou ! je ne me
sépare jamais de ma clef et, d’ailleurs, c’est la première
fois que je vous vois…
Le malheureux commença à
s’emporter, devint véhément, à la suite de quoi il
fut jeté dehors par les serviteurs du cousin du Calife qui leur
dit :
‘’ C’est un fou ! Ne
le laissez plus jamais pénétrer ici.’’ Il revint tous
les jours hurler aux portes du palais, s’arracher les cheveux,
déchirer ses vêtements et, à chaque fois, il fut
roué de coups.
Il raconta son histoire à tout le
monde mais personne ne voulait le croire : accuser de vol le cousin du
Calife ? Enfin, l’un de ses amis le prit en pitié et lui
dit : Pourquoi ne réclames-tu pas justice au Calife ?
Aussitôt dit, aussitôt
fait : il courut au Palais Royal, se jeta aux pieds de l’illustre
personnage et, tout en pleurant à chaudes larmes, lui raconta son
histoire. Il faut croire que le Calife soupçonnait déjà la
mauvaise foi de son parent car il dit à ce malheureux :
- Ecoute-moi, brave homme et suit bien mes
instructions. C’est demain vendredi et j’irai, comme chaque
semaine, faire mes dévotions dans
Les choses se passèrent exactement ainsi mais,
auparavant, tout en buvant son café, le Calife dit à son
parent :
- Mon cher cousin, j’ai
l’intention d’entreprendre un long voyage et je n’ai
confiance qu’en vous pour me remplacer dans ma charge durant mon absence.
Aussi, vous nommerais-je bientôt Grand Vizir si vous ne voyez pas
d’inconvénient…
- Je suis honoré, Sire, que vous ayez
pensé à moi pour vous remplacer sur le Trône du Royaume
et….
Il fut coupé dans sa diatribe par l’irruption du
pauvre homme que se débattait entre plusieurs serviteurs, en hurlant :
- Rendez-moi mon bien, rendez-moi mon bien
…(comme le Calife lui avait dit de faire).
- Qu’est-ce que c’est, dit le
Calife d’un air courroucé ?
- Oh ! ce n’est rien, Sire, mes
gardes n’ont pas reconnu cet homme qui m’avait confié un
dépôt avant de partir aux Indes.
Et, se tournant vers le pauvre diable, tout en lui tendant la
clef du coffre, il lui dit :
- Tenez, mon brave, vous trouverez votre
dépôt là où vous l’avez mis vous-même
Le marchand, ne croyant pas ses yeux, arracha la clef des
mains du malhonnête homme, récupéra son patrimoine et
s’éclipsa aussitôt. Le Calife se retira après lui,
sans ajouter un mot.
Le temps passa et le cousin du Calife
s’impatientait. Un jour d’audience, n’y tenant plus, il
rappela au Calife son projet de voyage et sa nomination comme Grand Vizir.
Alors le Calife lui dit :
- Mon cher cousin, il a fallut vous
promettre un Royaume pour que vous restituiez son bien à un pauvre
homme ! Qu’aurait-il fallut alors vous promettre, à mon
retour, pour que vous me restituiez mon Royaume ?
Honteux d’avoir été
démasqué, le cousin du Calife se retira dans ses terres et on ne
le revit plus jamais à
LE 30/06/2006
Un
Sultan d’un grand pays du Moyen-Orient tomba un jour en langueur et
devint triste et morose. Après consultation de plusieurs
médecins, sans résultat, on fit appel au devin ( ménaguemm) du Palais. Celui-ci parla longuement avec lui, essaya de le
réconforter et de lui remonter le moral mais rien n’y fit.
Finalement, il lui dit :
-
Votre
Majesté, je suis persuadé que la seule solution à votre
problème est que vous portiez pendant un certain temps la chemise
d’un homme heureux.
On chercha
parmi les gens de la noblesse, puis parmi les riches commerçants, les
grands propriétaires, etc. dans tout le royaume et on ne trouva pas un
seul homme heureux ! Chacun d’entre eux avait une raison ou une
autre pour ne pas l’être : l’un était en mauvais
termes avec sa femme, l’autre avec ses enfants, le troisième avait
une mauvaise santé, le quatrième voyait son commerce
péricliter, celui-ci était en guerre avec ses voisins,
celui-là vivait un amour impossible, etc.
De guerre
lasse, le Grand Vizir ordonna à plusieurs personnes de
-
Dis-moi,
brave homme, es-tu vraiment heureux ?
-
Oui, Sire.
-
Y a-t-il quelque chose qui te manque et que je puisse
t’offrir pour que tu sois encore PLUS heureux ?
-
Non, merci
Sire, il me reste encore un quignon de pain pour mon dîner ; quant
à demain, Dieu y pourvoira.
Alors, le Sultan lui dit :
-
Je
t’offre cent pièces d’or pour ta chemise !
-
Pour ma
chemise Sire ? quelle chemise ? Je n’en ai jamais eu …
D’où
l’adage bien connu :
L’HOMME HEUREUX N’A PAS DE CHEMISE.
LE 25/05/2006
Dans un village de
Le riche avait donné quelques
secours à son frère à deux ou trois reprises puis lui
avait signifié de ne plus s’adresser à lui. Il cessa
même de le voir. Un jour, le pauvre homme dit à sa femme :
Ecoute, femme ! je vais quitter ce
pays et aller chercher fortune dans celui des Noirs où il paraît
qu’il y a de nombreuses richesses. Essaye de te débrouiller pour faire
vivre nos enfants pendant mon absence. Si je ne reviens pas dans deux
années c’est que je serais mort ; alors, tâche de te
dénicher un mari que tu épouseras et qui pourrait subvenir
à vos besoins.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il
prit dans sa vieille barque un peu de vivres, un réchaud, quelques
ustensiles et s’élança vers l’inconnu. Des aventures
et des péripéties, il en eut de nombreuses et il manqua plusieurs
fois de perdre
Le pauvre homme apprit ainsi qu’il se
trouvait dans le Royaume de Barbarie
dont le monarque était justement ce Noir. Ce dernier lui dit : Vous
êtes mon invité aussi longtemps que vous le souhaitez.
Reposez-vous et reprenez vos forces. Il lui dit aussi qu’il mettait
à sa disposition la case où il se trouvait et un serviteur pour
subvenir à ses besoins. Ayant appris, durant la conversation, que
l’étranger savait lire et écrire, il lui proposa de devenir
son secrétaire particulier ce que l’autre s’empressa
d’accepter.
Il fut rémunéré en
pièces d’or durant son séjour mais, après une
année passée au service du roi, sa famille lui manqua beaucoup et
il s’en ouvrit à ce dernier afin de lui permettre de prendre
congé. Il fut autorisé à s’en retourner chez lui
avec l’or qu’il avait gagné par son travail. Au moment de
repartir dans une grande et nouvelle barque, le roi lui dit en désignant
le pot de chambre :
- J’ai toujours eu envie de ce couvre-chef !
Voudrais-tu me l’offrir en souvenir de toi ? (Le roi croyait que le
pot de chambre était un casque de guerre) Confus de ne pouvoir lui
offrir rien d’autre en gage de gratitude, il s’empressa
d’obtempérer à son désir et le roi, d’un geste
plein de dignité et de fierté d’en recouvrit la
tête…
Il ordonna aussitôt de remplir
à ras bord la barque de défenses d’éléphant
en compensation de ce présent et il fit escorter l’ex-pauvre homme
jusque dans son pays par une troupe de guerriers. Arrivé chez lui,
l’homme trouva sa femme et ses enfants encore plus misérables
qu’il ne les avait laissés. Mais il vendit les défenses
d’éléphants qu’il avait ramenés ce qui lui
procura une fortune fabuleuse. Il acheta une villa, des terrains et vécu
sur un pied digne de sa nouvelle situation. Cela fit grand bruit par la ville
et la rumeur en parvint aux oreilles de son frère qui s’empressa
de lui rendre visite. Il n’eut de cesse de le questionner que lorsqu’il
apprit par le menu l’origine de la fortune de son frère et il
échafauda des plans pour aller, lui aussi, au Royaume de Barbarie afin
d’accroître encore ses biens. Il se dit : ‘’ Si le
roi a donné à mon frère une si grande quantité de
défenses d'éléphants pour un misérable pot de
chambre, que ne me donnerait-il pas à moi si je lui offre des
présents de valeur ?
Il réalisa la plus grande partie de
son patrimoine et acheta avec l’argent des beaux bijoux, des tissus
chatoyants, des meubles luxueux, des habits somptueux dont il fit remplir une
grande barque et il cingla vers le Royaume de Barbarie. Dès son
arrivée, le roi l’accueillit avec beaucoup d’égards
en souvenir de son frère et l’invita à passer son
séjour dans son propre palais. Il organisa, quelques jours après,
une grande réception au cours de laquelle l’arrivant offrit au roi
et à sa famille les nombreux présents qu’il avait
apportés. Ce dernier, très ému par ses nombreux cadeaux, l’embrassa,
le serra sur son cœur et lui dit :
- Vous m’avez comblé avec tous
vos magnifiques présents et je ne sais que vous offrir en échange
qui en soit digne…Tenez ! je vais vous donner ce que j’ai de
plus précieux pour moi : et, ôtant de sa tête le pot de
chambre, il en recouvrit celle de son hôte...
Le 26/04/2006
(El baghbaghane el a’raa)
C’était
la fête du Ramadan. Un monsieur célibataire attendait avec impatience le signal de
la fin du jeûne pour
commencer à manger car il avait très faim.
Il avait
préparé des boulettes de viande frites (des koftas).
Tout à coup il s’aperçut qu’il avait oublié
d’acheter du pain. Il descendit quatre à quatre les escaliers pour
aller chez le boulanger.
Il avait
chez lui un perroquet qu’il aimait beaucoup et qui vivait en liberté
dans l’appartement. D’habitude, il était toujours
perché sur le buffet de la salle à manger. Quand il vit que son
maître était parti, il voleta dans la pièce et atterrit
près de l’assiette de koftas. Il prit
une boulette et, délicatement, il
A ce
moment, le type entra chez lui avec un pain tout chaud sorti du four et se jeta
sur sa chaise pour commencer à manger. Il vit alors que l’assiette
était vide et que le baghbaghane était
en train d’essuyer son bec sur ses plumes. Il comprit et devint fou de fureur. Il attrapa le
perroquet, le mit sous son bras (tahht batou) et se mit à lui arracher ses plumes en
commençant par
Quelques
jours plus tard, ce monsieur invita quelques amis à dîner. Ils se
mirent à table et comme il faisait très chaud ils
enlevèrent leur tarbouche (coiffure typique égyptienne en forme
d’un pot de fleur renversé et de couleur rouge). L’un
d’eux était tout à fait chauve. Alors le perroquet vint se
percher sur son épaule et se penchant à son oreille, il lui dit
d’un ton apitoyé : ‘ ‘ ENTA KAMANE AKALTE EL KOFTA ? (TOI AUSSI TU AS MANGE LES
BOULETTES DE VIANDE ?)
Le 25/03/2006
(tabib oué ménnaguémm)
.
Contre tous les maux de la terre, le
médecin de ce village ne prescrivait qu’un seul
médicament : un purgatif. Si quelqu’un avait mal à la
tête, il lui prescrivait un purgatif. Mal au ventre ? Purgatif; mal
aux oreilles ? Purgatif…
Il advint
qu’un jour Goha perdit son âne. On le
pressa d’aller consulter ce médecin qui était, aussi,
quelque peu devin (ménnaguémm).
Goha lui
dit :
-
J’ai
perdu mon âne.
-
Prends un
purgatif !
-
Mais,
docteur, je ne suis pas malade…j’ai perdu mon âne !
-
Prends un
purgatif, mon fils, je n’ai pas d’autres prescriptions pour toi.
Goha parti
furieux mais, en route, il se dit : qu’est-ce que je risque ?
et il prit un purgatif…
Le
lendemain, il cherchait toujours son âne par les rues et les cours
lorsqu’il sentit des fortes coliques l’assaillir…Pressé
de se soulager, il entra dans une courette abandonnée entourant une
vieille masure en ruines et là, que vit-il ?
son âne broutant l’herbe qui avait envahi les lieux. Il le
récupéra et il fit une grande publicité à ce sage
devin.
Le 28/02/2006
Comme Marius et Olive en
Provence, Goha et Aboul Naouass sont des personnages légendaires du folklore
oriental. Dans toutes les histoires les concernant, Aboul
Naouass est toujours la victime de la malice de Goha. Voici l’une de leurs innombrables histoires.
Revenant un jour du marché, Goha rencontra sur son chemin Aboul
Naouass et, comme à l’accoutumée,
il voulut se payer sa tête. Goha avait
acheté, ce jour-là, des aubergines. Il les avait mises dans un
grand mouchoir noué par les quatre coins et les queues des aubergines
dépassaient du mouchoir. Il dit à Aboul
Naouass :
- Je parie dix piastres que tu
ne saurais pas ce que contient ce mouchoir.
-
Pari
tenu : il contient des aubergines !
-
Bravo !
lui dit Goha, tu as gagné ; voilà dix
piastres.
Quelques jours
après où il avait acheté des artichauts, il rencontra
à nouveau Aboul Naouass
et lui dit :
-
Aujourd’hui,
je parie vingt piastres !
Tout joyeux de
gagner encore une fois si facilement, ce dernier d’écria :
-
Ton mouchoir
contient des artichauts !
-
Eh !
bien, lui dit Goha, tu es très intelligent,
voilà tes vingt piastres.
Ayant ainsi mis en condition sa victime
habituelle, Goha, le lendemain, mis dans son mouchoir
un petit chat dont la tête dépassait d’un côté
et la queue, de l’autre. Il alla frapper à la porte de Aboul Naouass.
-
Cette
fois-ci, c’est 100 piastres que je parie !
L’oeil allumé de plaisir, ce dernier lui dit :
-
C’est
un chat !
-
Non, lui dit Goha, c’est une chatte !
Et
il encaissa du pauvre Aboul Naouass
les 100 piastres.
Le
21/01/2006
LE BROYEUR D’EPICES ET LE VOLEUR
(El Da-a’)
Dans le Souk° des
Epices, il y avait un personnage qui se chargeait de broyer les épices
achetées par les clients. Il déposait le poivre ou la cannelle ou
toute autre denrée au fond d’un grand récipient en granit
en forme d’urne et, avec un battant du même matériau, un
genre de massue d’environ un mètre de haut, il pulvérisait
les épices à grands coups.
Il se tenait dans un
recoin du souk, près des nombreuses échoppes des vendeurs
d’épices, où il
avait déposé son ustensile une fois pour toutes car il
était très lourd à déplacer. Les clients le
rétribuaient d’une petite pièce de monnaie.
Le vieux broyeur,
courbé par les ans et les reins cassés par le poids du battant de
pierre qu’il relevait et abaissait à longueur de journée
afin de pulvériser les innombrables épices de ses clients, voyait
approcher la fin de ses tourments. En effet, à force de travail et de
privations durant de nombreuses années, il avait fini par amasser deux
centaines de pièces d’argent qu’il cachait sous son mortier
de pierre. Chaque fois qu’il économisait la valeur d’une
pièce d’argent en petites monnaies, il en achetait une chez le
changeur° du coin et, la nuit venue, quand les magasins fermaient et que le
Souk était désert, il glissait la nouvelle pièce sous
l’urne après l’avoir fait pencher, péniblement et en
y mettant toutes ses forces.
Pour se remonter le moral,
il chantonnait pendant son pénible travail deux phrases, en deux temps,
qui lui rappelaient que, grâce à son petit magot, il pourra
bientôt cesser de travailler sans se trouver dans le besoin.
En soulevant le lourd battant de pierre,
Il disait
……………………………………………………… Mittene Magar Deux cents Thunes…
et, en l’abaissant sur les épices, il
ajoutait : Tahht el HHagar Sous
l’Urne…
et ainsi de suite toute la
journée :
Mittene Magar… Deux centsThunes
Tahht el
HHagar Sous l’Urne…
Mittene Magar
Deux cents Thunes…
Tahht el
Hhagar.. Sous l’Urne…
Un jour, un voleur vint
à passer par là et, entendant cette litanie, il comprit de quoi
il s’agissait. Il vint une nuit, déplaça l’urne,
qu’il remit en place après avoir récolté toutes les
pièces d’argent. Quelques jours plus tard, le broyeur voulut y
ajouter une nouvelle pièce et, à son grand désespoir, il
découvrit le larcin. Il devint tout triste pendant quelques temps et ne
chantonnait plus au cours de son travail. Puis, un jour, il eut une
idée. Il se mit à fredonner cette mélopée à
l’intention de son voleur : en soulevant le battant de pierre,
Il
disait………………………………..............
Laou kont sebtohom Si tu
les avais laissées…
Et en l’abaissant, il
ajoutait ………
Kont zaouédtohom.. Je
les aurais iaugmentées
Et ainsi de suite toute
Kont zaouédtohom… Je les
aurais augmentées…
Laou kont sebtohom
Si tu
les avais laissées…
Kont zaouédtohom… Je les
aurais augmentées…
Le voleur revint à rôder dans les
parages, en quête d’un mauvais coup et il entendit ce que disait le
broyeur d’épices. Il devait être quelque peu niais
puisqu’il remit à leur place, le soir même, les deux cent
pièces d’argent. Les ayants découvertes, le vieil homme
s’en empara et, depuis, il battait les épices dans son mortier
avec ardeur en chantant à tue-tête, tout heureux du tour
qu’il avait joué à son voleur :
Féloussi akhadtohom J’ai repris tous mes
sous…
Mabaétche
ahhotohom Je
ne les mettrai plus dans le trou
Féloussi akhadtohom J’ai repris tous mes
sous
Mabaétche ahhotohom Je
ne les mettrai plus dans le trou
° Souk :Dans les Pays du Moyen-Orient,
lieu comprenant une ou plusieurs rues où se groupent les
commerçants en gros ou en détail d’une même branche
d’articles. Il y a ainsi le Souk des Tissus, celui de
l’Alimentation, des Papiers, des Bijoux, des Epices, des Parfums, etc.
° Changeur : dans le temps, il n’y
avait pas une ou plusieurs Banques dans chaque quartier comme de nos jours.
D’autre part, en Egypte, de
nombreuses monnaies étrangères y avaient cours légal.
Alors, dans les souks, il y avait des « changeurs » dont
le métier consistait à échanger ces monnaies
étrangères contre de
la monnaie égyptienne et
vice versa, contre une petite
rétribution.
Le
23/12/2005
Un
pauvre savetier avait pour voisin un riche boucher qui le harcelait de ses
sarcasmes et de sa méchanceté. Il convoitait sa boutique pour
agrandir la sienne mais le savetier refusait de la lui céder craignant
de se retrouver dans la misère n’ayant aucune autre source de
revenu que son travail.
Le savetier avait un petit chat qu’il
aimait beaucoup et qui lui tenait compagnie pendant ses longues heures de
labeur. Un jour, il vit le chat rentrer précipitamment dans la boutique,
se réfugier sur l’étagère la plus
élevée, poursuivi par le boucher armé d’un grand
coutelas et vociférant :
-
Il faut que je l’égorge… il faut que je
l’égorge…
Comme
c’est l’habitude au Moyen-Orient à l’occasion du
moindre incident, une foule s’agglutina à la porte du savetier
lequel demanda au boucher :
-
Et pourquoi
voulez-vous tuer mon chat ?
-
Il m’a
volé un bifteck et l’a mangé !
-
Qu’à
cela ne tienne, je suis prêt à vous le payer ; combien vous
dois-je ?
Le
boucher réclama le prix d’un kilo.
-
Un kilo,
s’écria le pauvre homme ? un kilo de bifteck ? mais
c’est impossible qu’un si petit chat puisse avaler un kilo de
viande !
-
Ou bien tu me
règles le prix d’un kilo de bifteck ou bien j’égorge
ton chat !
Prenant
la foule à témoin, le savetier s’écria :
-
Pesons le
chat !
La
foule clama aussitôt :
-
Oui, oui,
pesons le chat !
On
mit le chat sur la balance du boucher qui accusa le poids exact d’un
kilo. Alors le savetier dit :
-
Messieurs, si
c’est là le chat où est le kilo de bifteck ? et si
c’est là le bifteck, où est le chat ?
Hué
par la foule témoin de sa méchanceté, le boucher laissa partir
le savetier et son chat sans avoir rien encaissé.
Le
26/11/2005
Dans
de nombreux villages égyptiens, un grand nombre d’enfants
contractaient ou naissaient avec des maladies d’yeux graves et devenaient
aveugles ou presque. Afin qu’ils puissent gagner leur vie plus tard, on
leur faisait apprendre par cœur le Coran et ils devenaient des cheikhs
religieux. Ainsi, ils récitaient des versets du Coran pendant les enterrements,
les anniversaires de décès et les manifestations religieuses de
tous ordres. Ils allaient, aussi, de magasin en magasin réciter un
verset à titre de bénédiction et les commerçants,
à cette occasion, leur glissaient dans la main une pièce de
monnaie ; c’était un genre de mendicité
déguisée et les Egyptiens sont charitables.
Ils allaient souvent en bandes de quatre ou cinq, agrippés les uns
aux autres par les bras, sur un seul rang, celui qui voyait un tout petit peu
guidant ceux qui étaient complètement aveugles. Cela serrait le cœur de voir ces
pauvres diables marchant d’un pas décidé, tapant le sol de
leur canne en racontant des histoires comiques ou lançant des lazzis, riant
avec exubérance mais les yeux tout blancs et le regard mort…
Presque
toujours triste lorsqu’il était seul, le cheikh aveugle se
déchaînait lorsqu’il se trouvait en compagnie d’un ou
de plusieurs collègues. Je ne sais pas si leur gaîté
était feinte mais le fait est qu’ils donnaient l’impression
d’être de joyeux lurons.
Je
me souviens d’une chanson entraînante et comique qu’ils
chantaient tout en marchant et ce dans le but d’amuser les passants :
AL HHAMDOU LERABI
EL MOKTADARI
Merci à
Toi, mon Dieu Tout Puissant
AKALNA EL GUIMEZ
MENN AAL CHAGARI
Nous avons
mangé les figues de sur les arbres
OUA DEHHNA AKALNA
OUE CHEBEENA
Nous avons
mangé et nous nous sommes rassasiés
OUE FOTNA EL
BA’I LEL KHODARI
Et avons
abandonné le reste au marchand de primeurs.
YA CHEIKH
SEMA’IIN YABN EL RAFADI
O toi ! cheikh Sema’iin, fils de rien
BOKRA TAMOUTA OUA
TANDAFANI
Demain
(bientôt) tu mourras et tu seras enterré
SIBAK MENN EL AKL
EL HAFATI
Laisse donc tomber
ces nourritures dérisoires
SALATA AALA FOUL
EL NABET
La salade et les
fèves bouillies.
EL MAAKARONA DI
KAL AHHBALI
Ces macaronis sont
comme des cordes
MA TAKOL YA CHEIKH
AABD EL LAOUI
Mange donc, O toi
cheikh Abdel Laoui
OUE EMLA GUEYOUB EL KOFTANI
Et rempli les
poches de ton caftan
ROZ AALA LAHHMA
DANI
De riz et de
viande de veau
Etc. etc.
Tout
ce qui précède est l’exacte vérité et cela se
passe ainsi tous les jours en Egypte. Mais, pour la suite, des nombreuses histoires
plus ou moins véridiques ont pour héros les malheureux cheikhs aveugles.
En voici trois :
LE
CHEIKH AVEUGLE ET L’EPICIER GREC. – Un épicier grec vit
entrer dans son magasin l’un de ces cheikhs aveugles qui lui demanda
s’il voulait bien qu’il récitât un verset du Coran.
-
Et
pourquoi faire, mon ami, lui dit l’épicier grec dans un charabia
d’arabe, je ne suis pas musulman mais grec orthodoxe ?
- Cela
ne fait rien, lui répondit le cheikh escomptant manifestement un bakchiche, c’est profitable à tout le monde.
-
Alors,
faites…
Le
cheikh s’assit en tailleur (c’est leur position favorite) sur une
chaise et commença à psalmodier en chantant un verset dont le
titre est : AL TINN OUAL ZAYTOUN ce qui signifie LES FIGUES ET LES OLIVES.
L’épicier, entendant plusieurs fois « figues et olives »
en arabe, seuls mots qu’il comprit du verset, pensa que le cheikh
était en train de faire de la publicité pour ses produits et il
lui dit :
-
C’est
très bien, mon ami, c’est très bien ; annonce aussi
qu’il y a de la mortadelle, du jambon, du cognac, du whisky,
etc…(toutes, des denrées formellement interdites par le Coran).
LES
CHEIKHS AVEUGLES ET L’OIE.-A l’occasion de l’anniversaire de
la mort de son père, un riche commerçant invita plusieurs cheikhs
aveugles afin qu’ils récitent des prières pour le repos de
l’âme du défunt, comme c’est
- C’était
très bon, lui répondit leur chef, mais pourquoi nous servir un
repas maigre ?
- Comment
maigre ?
- Oui,
il n’y avait dans la moloukheya ni lapin, ni viande, ni poulet…
- Ce
n’est pas possible ! Il y avait une grosse oie pouvant rassasier un
régiment !
- Une
oie ? Quelle oie ? Et prenant ses collègues à témoin, il
leur demanda :
- Est-ce
que vous avez trouvé une oie ?
- Moi ?
Lui dit son voisin, non…
- Et
toi ?
- Non…
- Et
toi ?
- Non…
Et
ainsi de suite jusqu’à ce qu’ils tombèrent sur le
resquilleur qui, pour cacher sa honte de les avoir bernés dit :
- Je
croyais qu’il y avait une oie pour chacun de nous…
- Une
oie pour chacun, fils de chien…et ils tombèrent sur lui à
bras raccourcis.
LES
CHEIKHS AVEUGLES ET L’EAU DE COLOGNE.- A une cérémonie
identique à la précédente, leur hôte, après
le repas et le café, voulut leur faire plaisir : il octroya à
chacun d’eux une giclée d’Eau de Cologne sur les mains. Ils
ôtèrent leur éémma
(coiffure composée d’un turban enroulé sur une calotte) et
s’en frottèrent la tête et le visage en s’exclamant de
joie et de contentement : Allah ! Allah !
Leur
amphitryon s’éclipsa
un moment pour s’occuper de ses autres invités et
l’un des cheikhs aveugles dit à son voisin :
- Ahmed
! Cette Eau de Cologne est sublime ! N’as-tu pas ‘’ vu
’’ où il a rangé la bouteille ?
- Oui,
je crois qu’il l’a mise dans une armoire derrière toi ;
j’ai entendu le grincement de la porte !
- Qu’en
pensez-vous, collègues, on en prend encore une tournée ?
- Oui,
oui, oui, répondirent-ils.
- Aussitôt
dit, aussitôt fait. Ahmed se mit debout, tâtonna en se dirigeant
vers l’armoire, l’ouvrit et s’empara d’une bouteille
qui lui sembla être celle de l’eau de Cologne. Il en donna
largement à chacun de ses collègues qui s’empressèrent
de s’en frotter le visage, les oreilles, la nuque, le cou en
s’exclamant plusieurs fois : Allah ! Allah ! Puis il remit la bouteille
à sa place et revint s’asseoir. Malheureusement pour eux,
c’était de l’encre violette et qu’elle ne fut pas la
stupéfaction du maître de céans de voir les pauvres cheikhs,
les mains, le visage et le crâne entièrement barbouillés
d’encre…
Le 14/10/2005
L E S T R
O I S D E V I N S
(Talatt
Ménaguémine)
En souvenir de mon
très cher et regretté ami Mansour
COHEN qui a toujours incarné, ainsi que sa
Famille,
la Bonté, la
Générosité du Coeur et la Joie
de Vivre.
Dans le folklore égyptien, plusieurs
histoires humoristiques ont pour personnages un musulman, un chrétien et
un juif, sans aucune intention de racisme ou de méchanceté. A tel
point, qu’un film comique célèbre a été tourné
en leur honneur dont le titre est « HASSAN, MORCOS & COHEN ».
Dans ces histoires, le beau rôle est habituellement attribué
à celui des protagonistes qui a la même religion que celle du
conteur.
Du temps du Calife
Haroun Al-Rachid, vivaient ensemble à Bagdad trois amis célibataires
: un musulman, un chrétien et un juif. Ils mettaient leurs gains en commun et vivaient
heureux.
Par suite
d’une crise économique, il advint qu’ils perdirent leur emploi l’un après
l’autre et se trouvèrent bientôt sans le sou. Alors, ils
tinrent conseil pour débattre de leur avenir et convinrent de se faire
« devins », profession ne nécessitant ni capital ni
boutique. Ils devaient aller par les rues, chacun à son tour, pour
prédire l’avenir. Les charlatans pullulaient à cette
époque et par suite des nombreuses plaintes des habitants bernés,
le Calife décida d’y mettre bon ordre. Il ordonna qu’on lui
présente tout prétendu devin et celui qui ne l’était
pas réellement recevrait la bastonnade.
Les gardes
arrêtèrent le chrétien que le sort avait désigné
à commencer le premier, ce jour-là, et le traînèrent
devant Haroun Al-Rachid. Celui-ci lui désigna une table sur laquelle il
y avait trois assiettes recouvertes d’une serviette et il lui dit :
- Si tu ne
devines pas ce que contiennent ces assiettes, tu recevras la bastonnade !
Il ne put
évidemment pas deviner leur contenu et fut roué de coups. Il
regagna péniblement ses pénates, se jeta sur son lit sans
souffler mot de son aventure et s’endormit en gémissant de
douleurs. Le lendemain, ce fut le tour du musulman. Même scénario.
Le surlendemain, le tour du juif arriva. Il fut aussitôt
arrêté par les gardes et présenté au Calife.
Excédé, celui-ci lui dit :
- Maintenant,
ce ne sera plus
Par un heureux
hasard (ou peut-être pour la bonne continuation de l’histoire)
c’était exactement ce que contenaient les assiettes. Le Sultan
applaudit et ordonna qu’on remette quinze pièces d’or
à cet honnête devin. Le juif remercia le Calife et, en descendant
les marches du palais, il y vit un troupeau de dindons superbes ; il ne put
s’empêcher de s’exclamer à mi-voix : Ah ! si le Calife
me faisait cadeau de l’un de ces volatiles ! L’entendant marmonner,
le Calife crut qu’il rouspétait pour la modestie de son cadeau et
il le rappela :
- Viens
ici, que dis-tu ?
- Oh !
rien votre Majesté, rien du tout !
- Tu
vas me répéter tout de suite ce que tu as marmonné ou je
vais finir par me fâcher !
Le pauvre diable
répéta ce qu’il avait souhaité et le Calife, riant
aux éclats, ordonna qu’on lui remette le plus gros dindon. Tout
joyeux, il courut à la maison raconter son aventure à ses deux
amis. Il partageât équitablement les pièces d’or avec
ses associés mais prétendit garder le dindon pour lui tout seul
car, d’après lui, il s’agissait non pas d’un gain mais
d’un cadeau personnel. Une dispute éclata entre eux ; les voisins
s’en mêlèrent et les gardes emmenèrent les trois
hommes auprès du Calife pour qu’il rende la justice dans cette
affaire, comme c’était
- Ecoutez-moi
bien ! Vous allez laisser ici le dindon qui sera apprêté par mon
cuisinier. Vous reviendrez ce soir coucher au Palais et, au matin, chacun
racontera ses rêves de
Vers minuit, le
juif se leva sans faire de bruit, s’attabla et, débouchant le
flacon de vin, il vint à bout du dindon et de la bouteille ;
après quoi, il plaça celle-ci, vide, dans le plat avec les os,
recouvrit le tout avec la serviette et se rendormit.
Le Calife arriva
de bon matin, curieux de les entendre et les trouva prêts. Le
chrétien s’avança le premier et dit :
- Commandeur
des Croyants, voici mon rêve : j’étais profondément
endormi quand notre Seigneur Jésus-Christ se révéla
à moi. Il me prit par la main et m’entraîna vers les Hautes
Sphères. J’ai vu le Paradis, les Anges sur les nuages. J’ai
entendu les musiques célestes et, d’un Ciel à l’Autre,
il me conduisit jusqu’au Septième Ciel, après quoi je me réveillais.
- Par ma foi,
dit le Calife, voilà un bien beau rêve ! A toi, dit-il,
s’adressant au musulman.
- Moi,
c’est le Prophète Mahomet qui se présenta à moi. Il
me prit par la main et m’entraîna dans les profondeurs de
- Voilà
encore un bien beau rêve, dit le Sultan ; mais nous allons entendre celui
du juif. A toi !
- Hélas,
Sire, dit ce dernier, vous allez être bien déçu ! Je
dormais profondément lorsque Ezraïl,
l’Ange de la Mort, me tira
par les pieds et, me tendant un flacon de vin, il me dit : Mange le dindon et
bois le contenu de cette bouteille ou, sinon, je prendrais ton âme et la
mettrais en Enfer ! Que devais-je faire, o ! Prince des Croyants ?
Le Calife, riant
aux éclats, répondit :
- Il
fallait le manger !
- C’est
ce que j’ai fait, Sire !
Alors ses
compagnons se jetèrent sur lui et lui dirent :
- Tu ne
pouvais pas nous appeler, maudit, pour partager ton festin ?
- Comment
aurais-je pu le faire, répondit-il, toi, tu étais au
Septième Ciel et toi, à
Le Calife
n’en pouvait plus de rire de la malice du juif et il garda tout le monde
à déjeuner avec lui.
Le
22/09/2005
Mon
père menait une vie très équilibrée; il aimait la
mesure en toutes choses. Un soir où je rentrais très tard pour la
troisième fois dans la même semaine, je l’ai trouvé
m’attendant au salon, un livre à la main comme à son
habitude. A mon entrée, il le referma et m’invita à
m’asseoir à ses côtés, sur le canapé. Il me dit :
Mon
fils, tu n’es plus en âge, maintenant, d’être
réprimandé (j’avais dix-huit ans) mais je voudrais que tu
répondes à cette question : penses-tu que toutes les bonnes
choses de la vie vont bientôt disparaître ?
Je
répondis que non, naturellement. Il me répliqua : Alors,
pourquoi en uses-tu si largement aux dépens de ta santé ?
Celle-là, oui, elle disparaîtra bien vite si tu ne la
ménages pas mais les bonnes choses, elles, ne finiront jamais. Alors,
sois raisonnable et utilises tout à petites doses pour en profiter le
plus longtemps possible. Il y aura toujours des mets savoureux, des boissons
alcoolisées, des jolies femmes, des cinémas, des
théâtres et des plaisirs. Ou bien tu brûles ton capital
santé rapidement et tu seras bien vite une épave ou bien tu
laisseras à la nature le temps nécessaire pour reconstituer tes
forces après chaque usage normal. Dieu nous a donné la sagesse
pour en faire notre profit ; même les animaux sont
équilibrés ; as-tu jamais vu un animal malade d’avoir
trop mangé, trop bu ou trop veillé ? Serions-nous donc
inférieurs aux animaux ? Sur ce, il me souhaita bonne nuit et alla
se coucher.
Le
lendemain soir, après le dîner, il nous raconta cette
histoire :
Il y avait, dans une ville du
Moyen-Orient, un négociant très riche qui avait un fils unique. A
la mort de cet homme, le fils reçu la visite particulière du
meilleur ami de son père qui lui remit une enveloppe cachetée, en
lui disant : Votre père m’a prié de vous remettre
cette lettre aussitôt après son enterrement, en insistant pour que
vous vous conformiez à ce qui y est écrit.
Le fils ouvrit le pli
après le départ du visiteur et fut très
étonné de lire ce qui suit :
Mon cher fils, voici mes
dernières recommandations :
Mange
bon
Marche
à l’ombre
Marie-toi
de temps en temps
Adieu.
Respectueux des
dernières volontés de son père, le fils engagea le
meilleur cuisinier de la ville qui lui prépara, tous les jours, des
festins somptueux. Afin de pouvoir marcher à l’ombre, il fit
bâtir un auvent entre sa villa et ses entrepôts distants de deux
kilomètres, ce qui lui coûta une fortune. Enfin, tous les mois, il
prit une nouvelle épouse et
divorça de la précédente.
Ces folles dépenses
engloutirent rapidement sa fortune. Il devint un clochard dormant à la
belle étoile et n’ayant plus un sou pour subvenir à ses
besoins les plus élémentaires.
Un jour où la faim le
tenaillait, il se souvint de l’ami de son père et alla frapper
à sa porte. Ce dernier le laissa attendre dans l’antichambre
pendant deux longues heures puis le reçut. Il ne tenait plus debout, de
faim et d’épuisement. Son hôte lui fit servir, sur un
plateau, du pain, un morceau de fromage et une carafe d’eau
fraîche. Le pauvre diable se jeta sur cette manne et n’en laissa ni
une miette ni une goutte.
Alors, l’ami de son
père lui dit : ‘’Que t’est-il
arrivé ? Pourquoi es-tu dans cet état de
misère ? Où est passée la fortune de ton
père ?’’
‘’ Maudit soit
mon père, lui répondit-il. Ses dernières volontés
sont la cause de mon malheur et de mon
avilissement !’’
Et il lui raconta son
histoire.
Son hôte lui dit :
‘’ Mon fils, je suis au courant de tout cela mais tu as mal
interprété les vœux de ton père. Dis-moi,
d’abord, comment as-tu trouvé le repas que je t’ai fait
servir ?
‘’ Je n’ai
jamais rien mangé d’aussi bon depuis fort longtemps !
‘’
‘’ C’est cela
que ton père voulait te faire comprendre. Manger bon signifie ne manger
qu’à sa faim. Ce n’est que lorsqu’on a faim
qu’on trouve savoureux n’importe quoi que l’on mange. Marcher
à l’ombre voulait dire : rends-toi à ton travail avant
le lever du soleil et n’en revient qu’à son coucher. Et
marie-toi de temps en temps signifie n’avoir de rapports avec ta femme
que de temps à autre afin de ménager tes forces. Ecoute-moi, mon
fils : en souvenir de ton père qui était mon meilleur ami,
je vais te confier une somme d’argent pour que tu puisses
redémarrer dans
C’est ce qu’il
fit et il reconquit rapidement la position qu’il avait perdue.
(Durant
la narration de cette histoire, pas une fois mon père ne regarda de mon
côté ; mais lui et moi savions à qui était
destiné cet exemple.)
Le
19/08/2005
L’HOMME
DE CŒUR ET L’HOMME D’HONNEUR
Un
homme avait été condamné à mort. Il avait
été accusé d’avoir tué l’un de ses
voisins. Tous les indices l’accusaient : ils s’étaient
disputés deux jours auparavant ; l’arme du crime lui
appartenait ; des traces de pas avaient été relevés
entre son habitation et celle de la victime et une foule d’autres
présomptions lui étaient défavorables…Pourtant,
l’homme clamait son innocence et jurait avoir perdu son poignard depuis
quelques temps.
Au
moment de rendre la sentence, le Sultan était troublé. Mais que faire ? Le
sang de la victime réclamait vengeance ; il condamna cet homme
à être pendu.
Le jour de
l’exécution, le bourreau lui demanda, comme c’était
la coutume, quel était son dernier souhait. Il réclama
qu’on lui accorde la faveur d’aller embrasser une dernière
fois ses parents âgés qui vivaient dans une autre ville distante
de trois jours à cheval. Le Sultan, qui assistait au supplice, lui dit
que c’était un vœu impossible à exaucer de crainte
qu’il ne revienne plus.
- Je reviendrais,
Sire, je vous en donne ma parole d’honneur.
Le Sultan refusa.
Alors, de la foule, un homme se détacha et pria le Sultan de
l’accepter comme otage, le temps que le condamné accomplisse sa
visite. Le Sultan le mit en garde du risque qu’il encourrait car, si le
condamné ne revenait pas, il serait pendu à sa place.
L’autre accepta et on laissa le condamné partir. Il devait revenir
sept jours plus tard, à la même heure : trois pour
l’aller, autant pour le retour et un jour à passer avec ses vieux
parents.
Une semaine plus
tard, la foule s’assembla sur la place publique, curieuse de savoir si le
condamné reviendrait ou non. Le bourreau lia les mains de l’otage
derrière son dos, le plaça sous le nœud coulant de la
potence et attendit midi qui était l’heure fixée pour le retour
du condamné.
Le Sultan
était perplexe car il était déjà midi moins le
quart et ce dernier ne se présentait pas ; allait-il faire pendre
un innocent chargé de famille parce qu’il avait été
charitable ? A ce moment, une clameur s’éleva de la
foule ! Le Sultan releva
Le Sultan, qui
avait perdu l’espoir de le voir revenir, était bouleversé.
S’adressant à l’homme qui s’était offert comme otage,
il lui dit : Qu’est-ce qui t’a poussé à
accomplir ton geste au risque de perdre la vie ?
Il lui
répondit : Sire ! Lorsque les générations
futures parleront du temps de votre règne, il ne sera pas dit
qu’il ne s’est pas trouvé un seul homme de cœur pour
remplacer ce malheureux, le temps qu’il aille rendre une dernière
visite à ses vieux parents…
Emerveillé
de cette réponse, le Prince s’adressa au condamné qui
venait d’arriver : Et toi, comment cela se fait-il que tu
n’aies pas profité de ta liberté pour ne plus revenir
puisque tu te prétends innocent ? Sire, lui répondit-il, si
je n’étais pas revenu, vous auriez fait pendre un autre innocent
à ma place et, lorsque les générations futures parleront de
votre règne, il ne sera pas
dit que, dans ce pays, à cette époque, les hommes
n’avaient pas
d’honneur !
Alors, le Sultan
se leva et dit : Et moi, Sultan de ce pays, je décrète que
tu es gracié car il ne sera pas dit que, du temps de mon règne,
le Sultan n’avait pas de magnanimité.
Quelques temps
après, le véritable assassin fut arrêté à
l’occasion d’un autre crime et le Sultan remercia le ciel de
l’avoir empêché d’accomplir une iniquité.
Le
12/07/2005
(Eezbett
El Erd)
Il
y a bien longtemps, régnait dans un pays du Moyen-Orient un Sultan
prestigieux qui s’occupait essentiellement du bien-être de ses
sujets. Il fut frappé soudainement d’un mal mystérieux, une
sorte de langueur qui lui ôtait toute joie de vivre et le remplissait de
mélancolie. Il confia ses responsabilités à son Grand
Vizir et se retira pour quelque temps dans l’un de ses palais, à
la lisière du désert où il passait de longues heures assis
sur un tapis dans une véranda, prostré et l’humeur sombre.
Un jour où il était tellement
démoralisé qu’il pensait au suicide il vit passer, non loin
de là, un montreur de singe. Il fut aussitôt captivé par le
comportement comique et les grimaces de cet animal et s’intéressa à
ce que lui et son maître faisaient. Ce dernier, après avoir
attaché la corde retenant le singe à une grosse pierre, tira
d’un sac de toile pendu à son épaule par une bretelle, un
fagot de brindilles, une petite marmite qu’il emplit d’eau de sa
gourde et, ayant ramassé quelques cailloux qu’il disposa dans un
ordre donné, il y ajusta la
marmite par-dessus, glissa par en dessous quelques brindilles et alluma le feu.
Il tira encore de son sac une volaille, chapardée vraisemblablement dans
les environs et, l’ayant plumée et vidée, il l’a mit dans l’eau de la marmite sur laquelle il posa le
couvercle. Il attira à lui le singe par la corde et éveilla son
attention par deux ou trois coups de badine ; après quoi, lui
indiquant du doigt le feu, la marmite et le fagot de brindilles, il lui expliqua dans son charabia qu’il
aurait à surveiller tant l’un que l’autre.
Le Sultan regardait de tous ses yeux et
comprit que le montreur allait laisser le singe à lui-même pendant
qu’il irait au village acheter du pain. Le montreur parti, le singe
s’activa autour du feu, y ajoutant de temps à autre une brindille
qu’il tirait du fagot, avec des gestes si comiques, dans la crainte de se
brûler les doigts, que le Sultan ne pouvait s’empêcher de
rire à chacun de ces gestes.
L’eau se mit à bouillir
après un certain temps et une vapeur odorante s’échappa de
dessous le couvercle. Ce fumet mettait le singe en émoi. Il
s’approchait un peu pour sentir mais un jet de vapeur le faisait se
rejeter en arrière. Il recommençait encore et encore,
poussé par sa gourmandise ou sa faim et repoussé par la brûlure
de
Juste à ce moment, un milan passa
dans le ciel bleu et limpide. De son œil perçant et de son odorat
aigu, il détecta la volaille mijotant dans
Un instant pétrifié, le singe
se mit aussitôt à hurler, à se démener, à
s’arracher des poils de la tête tant était grande sa peur de
son maître et de la punition qu’il allait lui infliger. Le Sultan
riait sans discontinuer, tant et si bien qu’il en perdait le souffle.
Fatigué par ses démonstrations de colère et de panique, le
singe se calma et se mit, on l’aurait juré, à
réfléchir. Entre-temps, le ciel s’était couvert de
milans, alléchés par l’odeur du brouet.
Le singe eut soudain un comportement
étrange : se cachant la tête entre les deux pattes de devant,
les yeux dirigés vers le ciel, il éleva son petit
postérieur, tout rouge, dans cette direction…Aussitôt,
l’un des milans, pensant qu’il s’agissait là
d’un morceau de viande, plongea vers le singe mais, dès
qu’il fut à sa portée, ce dernier, se détendant
comme un ressort, attrapa le milan et le plongea tout vivant dans la marmite
qu’il recouvrit aussitôt de son couvercle en appuyant dessus de
toutes ses forces.
Le
Sultan se sentait mal à force de rire ; il vomit tout d’un
coup quelque chose comme de la bile et ressentit immédiatement un grand
soulagement : sa bonne humeur et sa joie de vivre lui revenaient. Mais il
était curieux de voir ce que ferait le montreur à son retour et
attendit avec impatience la suite des évènements. Ce dernier ne
tarda pas à apparaître avec un grand pain sous le bras et mourant
manifestement de faim. Il découvrit la marmite pour se régaler.
Horreur ! il y vit un milan surnageant, doté de toutes ses plumes.
Il se retourna, furieux et le bâton levé vers le singe pour lui
faire un mauvais parti mais le Sultan lui cria de loin de s’arrêter
et envoya ses gens le quérir.
Il
lui expliqua ce qui s’était passé et, par reconnaissance
envers le singe qui l’avait débarrassé de son mal et de sa
mélancolie, il octroya au montreur tout le terrain alentour avec les
bâtiments, le bétail, le matériel qui s’y trouvaient,
à charge par lui de nourrir son compagnon et d’en prendre soin.
On
appela cette ferme « LE DOUAR DU SINGE », nom qu’elle
porte encore aujourd’hui.
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